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Don Pasquale au TCE, enfin on s’amuse

Enfin, dans la morosité de cette saison parisienne, peuplée de mégalomanies scéniques et de distributions boiteuses, peut-on se permettre de souffler un peu, d'apprécier un spectacle bien ficelé et bien chanté !

La mise en scène de ce Don Pasquale fait référence au cinéma néoréaliste italien des années 50, c'est en passe de devenir un lieu commun pour les opéras bouffes transalpins du XIX° siècle. Cela nous vaut des décors grisâtres, un peu comme une pellicule en noir et blanc, et un univers de petites gens, assez loin du monde bourgeois imaginé par Donizetti. Don Pasquale n'est plus un riche rentier, mais un vendeur ambulant de luminaires, installé dans une vieille camionnette Citroën, qui constitue à elle seule tout le décor. Norina est une traîneuse un rien vulgaire, en minijupe et talons hauts, Ernesto un paumé qui arbore des débardeur à carreaux, Malatesta un diabolique entremetteur. Pourquoi pas après tout, car l'ensemble se distingue par une vie scénique jubilatoire, et une analyse fouillée des rapports entre les différents protagonistes. En particulier, les trois figurants muets qui représentent les serviteurs de Don Pasquale entraînent le public dans un véritable tourbillon. On s'amuse beaucoup, dans un très reposant premier degré. Cependant les costumes tristounets, signés , ne font pas honneur au talent de leur créateur.

Pour servir une telle verve, il fallait des chanteurs-acteurs de premier plan. est absolument fabuleux, se dépensant comme personne, en grande forme vocale. est également une excellente actrice, et une funambule de la variation stratosphérique, elle rend sa Norina tellement vivante qu'on lui pardonne aisément quelques incertitudes dans les suraigus. L'Ernesto raide et le Malatesta quelconque de et de sont moins expérimentés. dirige un des grands jours.

Crédit photographique : (Malatesta), (Don Pasquale) © Vincent Pontet

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