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Quatuor de Debussy par les Danel

Forts de leurs intégrales marquantes de Chostakovitch (Fuga Libera) et de Mieczyslaw Weinberg (CPO), le revient chanter dans son arbre, à savoir la musique française et Debussy. Pour apprécier leur interprétation, il faut faire abstraction des Nymphéas de Monet illustrant la pochette, car ce choix est aussi évident – Debussy étant généralement décrit comme le compositeur impressionniste par excellence –  que non pertinent au regard du jeu des musiciens et de Debussy lui-même, qui refusait en effet qu'on le définisse comme impressionniste.

Si les Danel s'inscrivent dans une époque, c'est bien la nôtre, acérée, imaginative, grave, en relief, respectueuse de l'intégrité de la musique mais soucieuse de lui faire parler notre langage. Nulle brume, vapeur ou impressions chez les Danel, dont les traits ciselés évacuent les ombres du XIXème siècle, et où ils mettent en œuvre leur science du rythme, leur capacité d'introspection (il ne s'agit pas de pathos alla Chostakovitch) pour un Debussy de notre temps. En cela, ils traitent Debussy à la manière d'un Pierre-Laurent Aimard au piano dans les Préludes enregistrés en 2012 (DG).

Les charmantes (au sens fort) Danses de 1904 pour quatuor à cordes et contrebasse proposées en version originale avec harpe chromatique et en version arrangée avec piano, ainsi que le Trio de jeunesse (1879-1880) avec au piano (qui avait participé à la recréation de cette œuvre après sa découverte dans les années 1980) sont des œuvres de second rayon, mais permettent de sortir des usuelles compilations avec Ravel voire Fauré.

Les mythiques LaSalle (DG) et Italiano (Philips) gardent le prestige de leur héritage de la haute tradition du XXème siècle, et l'actuel Quatuor Ebène conserve son attrait (Virgin Classics), mais la discographie doit compter avec cette interprétation sans concession des Danel.

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