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Rennes : Catherine Hunold, la nouvelle Brünnhilde

Afin de favoriser la diffusion de son œuvre, avait autorisé la réalisation de versions pour orchestres réduits de ses ouvrages. C'est le cas de cette Coburger Fassung de la Walkyrie proposée en concert par l'Opéra de Rennes en collaboration avec le Théâtre de Cobourg, qui fait appel à une soixantaine d'instrumentistes.

Les cordes ne sont pas impactées par cette réduction d'effectif qui affecte en revanches les cuivres et les bois. Toutes les notes de la partition y figurent pourtant et si l'on peut être déconcerté par la disparition de certains effets de masse dans les points d'orgue, on prête parfois une oreille plus attentive à certains détails d'orchestration. Il s'agit en tous cas d'une manière de fêter le bicentenaire de la naissance du compositeur originale et adaptée au gabarit de la scène rennaise comme au format de l'orchestre.

Habitué de la scène rennaise, livre de la Walkyrie une lecture d'une clarté exemplaire, attentive aux chanteurs, pleine d'élan mais aussi de contrastes, d'une précision remarquable. Il galvanise un orchestre en forme superlative, dont tous les pupitres sont à saluer, à commencer par les cordes qui déroulent un somptueux tapis sonore. Rompue aux répertoires mozartien et baroque, parvient à traduire la rage altière de Fricka avec un raffinement vocal assez rare. prête à Hunding une voix sombre aux graves profondes. Parfois en difficulté aux deux extrémités de la tessiture du rôle de Sieglinde, possède suffisamment de flamme et de musicalité pour imposer un personnage touchant.

A la scène, ne pourrait être un Siegmund crédible. En concert, il se révèle en revanche comme un interprète de premier plan. Sa voix sonore s'épanouit dans d'éclatants Wälse mais réussit à se plier à la poésie de l'hymne au printemps. impose sa stature vocale, sa concentration de timbre et son charisme dans un Wotan qui fait oublier par son investissement l'absence de mise en scène. Il est admirable pour son sens du récit au deuxième acte comme pour son émotion juste dans le final, et possède la dimension divine que l'on cherche en vain chez les titulaires du rôle sur la première scène nationale.

chante sa première Brünnhilde et s'impose d'emblée comme une interprète de premier ordre. La voix est large, bien conduite et parvient au final sans le moindre signe de fatigue, l'aigu est tranchant. Surtout, notre compatriote réfute l'approche monolithique de la guerrière qui prévaut souvent, et possède la souplesse nécessaire pour nous émouvoir dans sa détresse au troisième acte, au contact il est vrai d'un partenaire d'exception. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, à l'image de l'ensemble d'une représentation qui fait réellement honneur à la scène bretonne et a été largement acclamée aux saluts.

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