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Don Giovanni du duo Rhorer/Braunschweig

Grosse actualité (et changement radical de répertoire) en ce printemps 2013 pour le chef , enchaînant en l'espace de quelques semaines la création de Claude de Thierry Escaich à l'Opéra de Lyon et cette nouvelle production de Don Giovanni, dans le cadre de la troisième et dernière édition du Festival Mozart dont il assure la direction artistique au Théâtre des Champs-Elysées.

Il retrouve pour l'occasion qui avait déjà mis en scène Idomeneo en juin 2011 dans cette même salle. Pour Don Giovanni, le metteur en scène opte, comme c'est fréquemment le cas aujourd'hui (Michael Haneke notamment), pour une actualisation (sauf la scène de bal, à la fin du premier acte), évacuant donc toute référence à l'Espagne du XVIIe siècle, et une vision en noir et blanc, froide, parfois provocante, prenant comme parti pris de montrer l'action vue à travers les yeux et la position ambigüe de Leporello, valet tiraillé mais néanmoins admiratif face au libertinage effréné de son maître Don Giovanni. Braunschweig présente l'œuvre dans un décor tournant, l'élément central étant le lit, celui de la chambre à coucher naturellement, mais également lit médicalisé, table de massage… Même si l'on regrette la volonté de gommer toute dimension sociale au propos, on admire l'efficacité de la direction d'acteur et le travail de cohérence expressive avec ce qui se passe dans la fosse. C'est à mettre également au crédit de , qui enthousiasme une fois de plus par la finesse de sa direction, le sens de la progression dramatique, le soin porté à l'accompagnement des chanteurs.

On reste par contre plus nuancé sur la distribution qui a néanmoins pour elle sa jeunesse en adéquation avec les rôles. Si tire habilement son épingle du jeu à la fois scéniquement et vocalement dans le rôle de Leporello, il a tendance à éclipser le personnage pourtant central de Don Giovanni. , qu'on a connu plus convaincant, notamment en Papageno, n'a en effet pas l'assise vocale, la présence scénique, la fulgurance, la noirceur que donne par exemple Peter Mattei à ce rôle.  campe une Donna Elvira certes touchante mais la voix manque de stabilité dans les registres aigus. La Donna Anna de et le Don Ottovio de sont quant à eux bien figés, comme éteints (malgré d'indéniables nuances dans le chant de ce dernier), un choix certes délibéré du metteur en scène, mais qui peine à convaincre. La fraicheur et la sensualité de la jeune soprano opère dans le rôle de Zerlina, tout comme l'autorité et la noblesse de en Commandeur.

Crédit photographique : Don Giovanni, Théâtre des Champs-Elysées 2013 © Vincent Pontet / Wikispectacle

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