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La Messe solennelle de Gounod de retour à Saint-Eustache

La Messe solennelle dédiée à sainte Cécile a été donnée jeudi dernier à l'endroit de sa première exécution en 1855, l'Église Saint-Eustache, avec les paroles originales de la prière finale (« Salvum fac Imperatorem nostrum Napoleonem », au lieu de « Rem publicam » qui lui a été substitué ensuite).

Solennelle, elle l'est en effet. On y retrouve même la pompe du Second Empire. Mais il y a aussi quelque chose de plus personnel, qui tient à ce que l'effet n'est pas seulement recherché pour lui-même. Cette Messe a généralement la simplicité classique et la sincérité qu'on ne retrouve guère, dans la musique religieuse du siècle, que chez Schubert.

On n'a malheureusement pas vraiment pu entendre ces qualités. Les mérites du et de l'Orchestre national sont pourtant connus. Faut-il accuser notre placement dans les premiers rangs, l'acoustique même de l'énorme église ou bien un manque de foi dans l'œuvre ? On a cherché en vain à discerner les lignes dans une masse sonore confuse. Certes, dans les passages où on pouvait le mieux l'écouter (le Kyrie, l'Et incarnatus est), le chœur s'est montré à la hauteur. Ailleurs, il faut bien avouer que l'on était parfois près de donner raison aux détracteurs de Gounod, tant l'on s'approchait d'une lourdeur indigeste, orphéonique, pour ainsi dire. s'efforçait bien de maintenir la cohésion de l'ensemble, et, hormis pour le Quoniam, il y a réussi. Les tempos choisis semblaient adéquats au caractère des morceaux et au nombre d'exécutants. Mais à quoi ressemble le Credo si la fière ligne pointée des basses est totalement arasée ? Et puis, que faire de ces accompagnements de violons, certes conventionnels (contretemps et trémolos), mais utiles, lorsqu'ils sont exécutés d'aussi mauvais grâce ?

Bref, une occasion manquée, sans qu'on s'explique vraiment pourquoi, et dont on gardera surtout en mémoire de bonnes interventions des solistes. Le Sanctus musclé de surprend un peu chez ce ténor qui nous avait habitué à un style moins italianisant. Cela reste beau, mais l'ardente pureté du chant d' paraît plus appropriée, et puis, quel aplomb vocal !

En première partie, les cordes de l'Orchestre ont donné la Suite Holberg, aimable pastiche baroque de Grieg. Elles y montraient une sonorité bien plus avenante, sous la main énergique du chef. Bravo à (dans le Rigaudon) et à Jean-Luc Bourré (au violoncelle, dans la Sarabande) pour leurs solos.

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