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Nantes : Dialogues des carmélites tout en subtilité

C'est à un véritable questionnement sur la foi que nous invite , signataire de cette coproduction avec l'Opéra national de Bordeaux.

L'artiste connaît parfaitement cet ouvrage pour avoir interprété Blanche de la Force il y a vingt ans, et plus récemment Madame Lidoine. Ceci lui permet de caractériser avec soin chacun des protagonistes et de réaliser un spectacle d'une réelle intelligence et d'une grande sensibilité, au succès duquel contribuent le décor et les costumes du meilleur goût de Rudy Sabounghi, ainsi que la fluidité des transitions entre les différents tableaux. La scène finale, avec sa guillotine qui traverse le plateau et la montée parfaitement réglée des carmélites à l'échafaud, a embué plus d'un regard dans l'assistance. Toutes les thématiques de l'œuvre sont abordées avec le plus grand tact, mais c'est bien le mystère de la foi qui demeure au centre de cette réalisation.

est une Blanche de la Force tout en délicatesse : délicatesse du timbre, de la musicalité et du jeu. Elle traduit avec la même conviction les angoisses de Blanche et ses moments de révolte, dans un portrait touchant et subtil. Tout au plus lui reprochera-t-on quelques difficultés dans l'aigu en début de représentation mais c'est peu de choses au regard de l'art si intègre de la musicienne et de la comédienne. apporte à Soeur Constance sa fraîcheur vocale et sa présence juvénile ; le face à face des jeunes femmes au premier acte est un moment de grâce, servi par deux dictions de qualité. Nous sommes plus réservés au sujet de la première prieure de Doris Lamprecht, dont l'évident impact scénique ne fait pas oublier l'hétérogénéité des registres et qui confirme les signes de fatigue entendus à Favart à l'occasion des représentations de Marouf.

Le métier d' lui permet de camper une Mère Marie  satisfaisante, avec un impact réel dans l'aigu, mais c'est la seconde prieure de Catherine Hunold qui nous impressionne par l'étendue et la solidité de l'instrument autant que par l'humanité de son chant lorsque elle s'adresse à ses « enfants ». possède une voix brillante qu'il doit veiller à ne pas pousser inutilement, car lorsqu'il nuance son chant, son chevalier devient irrésistible. Nous noterons encore un ensemble de carmélites de belle tenue, un aumônier de bonne école mais un marquis bien engorgé.

impose une lecture assez efficace mais avare de subtilités. Si par instants il se révèle capable de souligner délicatement le détail orchestral, il a généralement tendance à précipiter sa battue et à négliger le dosage sonore, mettant plus d'une fois les solistes à l'épreuve. C'est dommage car l' se montre une fois encore en grande forme, tous les pupitres rivalisant de discipline et de séduction sonore. Malgré tout, cette troisième représentation nantaise connaît un beau succès public, que l'on peut attribuer en tout premier lieu au travail subtil de , présente aux saluts.

Crédit photographique : (Mère Marie) (Blanche de la Force) (Chevalier de la Force) © Jeff Rabillon pour Angers Nantes Opéra

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