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Zaïs de Jean-Philippe Rameau : amusons nous !

s'empare de Zaïs avec bonheur.

L'opéra-ballet héroïque pastorale Zaïs, représenté en 1748 sur la scène de l'Académie Royale de Musique figure parmi ces oeuvres superbes de Rameau, malheureusement affublées d'un livret faiblard tout juste prétexte à des entrées pour des divertissements où le chant se mêle à la danse. Toutefois, cette oeuvre est le champ d'expérimentations de Rameau, tant dans l'Ouverture (symbolisant le Chaos et la création du Monde) que dans les pages orchestrales du Tonnerre ou des ballets aux nombreuses entrées.

Quarante ans après Gustav Leonhardt, s'empare de l'opéra dont il maîtrise absolument le sujet et déploie avec harmonie et puissance les trouvailles musicales jusque dans les moindres interstices. Rameau exige beaucoup, comme toujours, de ses interprètes et les musiciens ne sont là pas en reste, entre la badinerie et la noblesse des sentiments, toujours vaillants.

Les partitions vocales sont particulièrement tendues et a parfois du mal a être totalement libre dans sa tessiture, exigeante; son engagement dramatique est toutefois louable pour un rôle aussi peu caractérisé. La participation de en Zélidie est celle qui faudra retenir: comme à son habitude, elle triomphe avec sagesse des hardiesses vocales; la ligne du chant est admirablement conduite, la prononciation est exemplaire, la tension dramatique est savamment mesurée et l'ensemble se fait sans triomphalisme ni emphase inutile. Elle excelle dans ce répertoire et justifie à elle seule l'écoute de ces pages.

Dans les seconds rôles, on peut apprécier la fraîcheur d' et la solidité d', mais on retiendra surtout de cette prestation ce que Rameau a apporté à l'histoire de la musique française au XVIIIe siècle, et ce d'autant plus quand il est défendu aussi brillamment par un des plus illustres chef d'orchestre baroque de son époque et un soprano qui a un éclat que le nombre d'années ne fait qu'accroître.

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