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Maria Agresta grande Norma au Théâtre des Champs-Elysées

A Paris est une grande Norma dans une mise en scène trop terne.

Dans ses notes d'intentions imprimées dans le programme de salle, explicite son concept de mise en scène : les gaulois résistants (encore et toujours) à l'empire romain se terrent au fond d'un bunker. Cela nous vaut une production plus que dépouillée, grise sur fond gris, avec un minimum d'accessoires, et peu de direction d'acteur. Un mur, un escalier, des costumes pauvres, voilà tout ce qu'on y trouvera. Quelques bonnes idées surnagent : un chêne bonzaï, religieusement conservé sous cloche, permet d'observer le rite en catimini, et sous un certain éclairage, son ombre se projette aussi grand qu'un arbre centenaire. Les druidesses, pour parvenir au temple, cachent leur robes bleues sous des manteaux sombres de pauvresses. Norma, à plusieurs reprises, tire un rideau noir entre le chœur et elle, afin d'exprimer ses sentiments personnels. Voilà, c'est à peu près tout, et cela ne suffit pas à faire un spectacle. Au moins n'est-ce pas dérangeant, et on peut ainsi se concentrer sur l'exécution musicale, qui nous réserve de bien meilleures satisfactions.

Admirée à Turin l'été dernier, on avait hâte d'entendre dans le rôle-titre, et on n'a pas été déçue. La voix est opulente, longue, souple, et capable d'une palette de couleurs variée. Oui, bien sûr, elle n'éclipse ni Maria Callas, ni Montserrat Caballe, mais elle est sauf preuve du contraire une des, et peut-être la meilleure titulaire actuelle.

offre une belle surprise, qui se prend à alléger sa ligne et à se souvenir de ses origines belcantistes, dessinant une Adalgisa jeune et vindicative. , hué lors de la première, n'est pas tout à fait le hurleur invétéré qu'on a bien voulu décrire, mais force est d'avouer que le timbre est sec et sans harmoniques, l'interprétation fruste et la justesse pas toujours au rendez-vous.

L'Orosevo de est trémulant et sans grand intérêt, tandis que les quelques répliques de la Clotide de Sophie Van de Woestyne font dresser l'oreille, tant le grain est beau. est un Flavio bien chantant.

Les chœurs sont de toutes beauté, tandis que la direction de , menée tambour battant, insuffle à l'orchestre une belle énergie, parfois au détriment de l'homogénéité.

Crédit photographique : © Vincent Pontet

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