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Le Concert de la Loge, équipe olympique

Après leur concert à la salle Gaveau en 2015, voici le premier enregistrement de et de son nouvel ensemble . Accompagnés par , chanteuse lyrique accomplie dans le répertoire musical baroque comme nous l'avons encore constaté ce mois-ci au festival de Fénétrange, c'est avec brio que ces musiciens sur instruments d'époque et leur directeur musical font perdurer le prestige de cet orchestre parisien de la fin de l'Ancien Régime.

Le différend avec le Comité National Olympique Sportif Français n'aura nullement impacté la renaissance du mythique Concert de la Loge Olympique créé en 1783, aujourd'hui sous l'appellation (non d'origine) contrôlée Concert de la Loge. Les débuts de cette société de francs-maçons au XVIIIe siècle étaient pourtant bien différents : c'était un orchestre considérable pour l'époque (65 instrumentistes) « dont une partie y paraissait en habit brodé, en manchettes à dentelles, l'épée au côté et le chapeau à plumet sur les banquettes. » On y comptait de grands noms parmi ses membres tels que François André Danican Philidor, Nicolas Dalayrac ou bien encore Nicolas Méhul. Mais nul besoin de parures qui sembleraient aujourd'hui pompeuses et artificielles pour atteindre l'excellence. À travers une programmation inspirée de celles du Concert Spirituel qui alliaient en leur temps musique symphonique et art lyrique, pétille en toute élégance sous la direction précise de .

Avec sa Symphonie n°4 en ut mineur op. 12, l'ancien altiste de l'orchestre de la Loge Olympique Henri-Joseph Rigel est à l'honneur, ce qui permet surtout de démontrer les grandes qualités expressives de cet ensemble. La variété des couleurs et des dynamiques rend cette musique mordante, nerveuse, frénétique et charme l'oreille dès les premières mesures.

Au plus haut de son art, dans la peau de la sœur de Didon avouant son amour pour Enée qui se prépare à partir de Carthage, arrive à nous subjuguer avec une intention tragique constante tout au long de l'air Io d'amore, oh Dio mi moro extrait de Didone abbandonata de Giuseppe Sarti, ancien maître de . Dans le premier enregistrement mondial de cette œuvre, la soprano, enlacée langoureusement par les hautbois et bassons obligés, offre de sublimes sons filés comme des notes tenues nues de tout vibrato. L'enchantement s'opère également dans son second air Semplicetto, ancor non sai de . Cet extrait d'Endimione débute par un superbe solo de flûte exécuté par Tami Krausz et se déploie par le biais d'un orchestre dynamique, coloré et brillant, nous illustrant ainsi, qu'autant collectivement qu'individuellement, rayonne.

Cet orchestre étant resté célèbre pour sa commande à Haydn des Symphonies parisiennes, il est donc naturel de retrouver la Symphonie n° 85 en si bémol majeur « La Reine de France ». La vivacité du trait et le lyrisme du classicisme haydnien sont des bons présages pour l'intégrale de ces six symphonies (n° 82 à 87) dont l'enregistrement est en cours. N'en déplaise à Hercule, Le Concert de La Loge vient de sortir vainqueur de ses premières olympiades, en espérant que ces artistes ne se limitent pas à douze travaux !

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