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La Clemenza de Jérémie Rhorer désormais en CD

Le spectacle avait forte impression fin 2014 sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées. Pas sûr que l'écoute du CD renouvelle le bonheur du spectateur.

Reflet de la mise en scène de Denis Podalydès donnée avenue Montaigne en décembre 2014, le nouvel enregistrement de La clemenza di Tito ne devrait pas révolutionner une discographie déjà riche et abondante. D'une part, la véhémence des récitatifs accompagnés au pianoforte, si l'on n'a aucun mal à croire qu'elle faisait son petit effet à la scène, passe mal lorsque l'auditeur est privé du soutien de la scène ; de même, l'effet des rires hystériques de Vitellia tombe complètement à plat lors de l'écoute du CD, et ces ricanements diaboliques ne sauraient à aucun moment donner l'illusion du théâtre. D'autre part, les chanteurs qui ont faire forte impression lors du spectacle ne sont visiblement pas ceux qui tirent le mieux leur épingle du jeu lors de l'enregistrement audio.

Ainsi le CD souligne presque cruellement l'usure et la sécheresse irrémédiables du timbre de , Tito dont on admire néanmoins le savoir-faire vocal et l'expérience musicale. Que reste-t-il également du Sesto de , qu'on ne saurait en rien comparer avec les grandes incarnations discographiques du passé ? On lui préfèrera de loin l'engagement et la rondeur de l'Annio de . Si s'acquitte avec honneur du rôle assez ingrat de Publio, ce sont très nettement les deux sopranos qui remportent la mise. Dans le rôle épisodique de Servilia, parvient à faire valoir la perfection de son style mozartien, ainsi que la grâce et le miel de son ravissant soprano. En Vitellia, brille par la rondeur de son instrument et par la beauté toute haendélienne de sa ligne, deux qualités suprêmes qui lui permettent d'aborder avec la plus grande aisance un rôle à la tessiture impossible.

Le succès de l'entreprise est néanmoins garanti par la direction ferme, précise et assurée de , à la tête d'une formation qui n'hésite pas à faire ressortir toutes les aspérités d'une musique dont on ne souligne pas toujours à ce point la composante éminemment théâtrale. Sans doute eût-il été plus judicieux d'immortaliser le spectacle au moyen de l'image fournie par le DVD. De toute évidence, le CD ne rend pas pleinement justice à la qualité d'un spectacle loué en son temps pour tout ce qu'il avait de rigoureux, d'original et d'innovant.

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