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L’Enfant et les Sortilèges et l’Enfant Prodigue par Mikko Franck

L'Enfant et les Sortilèges de fait partie de ces rares œuvres dont une référence enregistrée il y a plus de cinquante ans rend aujourd'hui encore toute comparaison impossible, évidemment ici celle de Lorin Maazel pour Deutsche Grammophon. Pour autant, de nouveaux enregistrements apparaissent régulièrement et permettent de découvrir d'autres artistes dans des rôles aussi amusants ou grotesques que la Table, la Chaise, la Théière ou la Tasse Chinoise.

En avril 2016, dirige l'œuvre dans le nouvel Auditorium de Radio France et si une partie du public ressort déçu d'avoir peu entendu les chanteurs à cause d'un mauvais placement en salle, en plus d'avoir trouvé le chef trop sérieux, un concert décevant ne fait pas pour autant un mauvais album, surtout lorsqu'il est accouplé à un second CD d'œuvres plus rares, L'Enfant Prodigue de Debussy et une Symphonie en si mineur du même compositeur, orchestrée par .

L'Enfant et les Sortilèges bénéficie de ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le chant français, avec d'ailleurs quelques artistes déjà gravés dans certains rôles, comme avec Leonard Slatkin pour Naxos dans le Fauteuil et l'Arbre, ou dans les personnages de Maman, la Tasse Chinoise et la Libellule pour Warner (ex-EMI) avec Simon Rattle et les Berliner Phiharmoniker. Ces deux chanteurs tiennent toujours aussi brillamment leurs parties, quand on découvre au disque l'Enfant de , et d'abord un orchestre superbe dans tous ses instruments, les bois tout particulièrement.

Le beau timbre de mezzo de trouve une réponse immédiate dans un bas-médium encore plus marqué chez , juste un peu trop lente dans son premier air de Maman puis très grave en Tasse Chinoise face à la superbe Théière de . L'Enfant est parfois trop appuyé voire criard dans les « hourras », mais il déploie nombre de qualités par la suite face à ses nombreuses rencontres, à commencer par le Fauteuil cocasse de et à la Bergère pincée de Julie Pastouraud. Le baryton tient aussi bien l'Horloge Comtoise que le Chat. Très attendue, le Feu s'échauffe avec les aigus colorés de , encore plus adaptés à la Princesse, dont la diction impeccable rappelle que chaque mot de cet enregistrement est compréhensible.

Sur le second CD, L'Enfant Prodigue de Debussy profite une fois encore de la qualité d'un aussi pur dans sa petite harmonie que chaud et lyrique dans les cordes. approche d'une voix charnue le texte plaintif d'Édouard Guinand, rejointe par le Siméon plus réaliste de . Azaël bénéficie d'une apparition discrète de , lui aussi toujours aussi impeccable avec la langue française. Il est ici héroïque dans son récitatif puis son air, en même temps que sensible dans le duo.

Il n'y a pas un mot dans la notice pour le Finale de la Symphonie en si mineur de Debussy, orchestré par Collin Matthews. Cette jolie piécette d'environ dix minutes met une fois encore en avant les qualités et les couleurs du Philharmonique de Radio France, dirigé par un lyrique, à défaut d'être pesant dans la deuxième partie de l'œuvre. Ce bel album ravira les curieux pour le second CD, et intéressera les amateurs de L'Enfant et les Sortilèges possédant déjà la version Maazel.

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