- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Un Faust intéressant à l’Opéra de Saint-Étienne

Le mythe de Faust serait-il plus une affaire de Dieu que de diable pour ?

Dans cette mise en scène dense et réfléchie, les symboles se multiplient et se croisent à l'infini, crucifix, cierges et médailles en occupant une bonne part. Il serait fastidieux d'en dénombrer tous les détails, mais que l'on ait aimé ou pas, on ne peut que saluer la qualité et l'intelligence de son travail.

Le décor est essentiellement constitué de rideaux, qui, en s'ouvrant ou s'enroulant, délimitent les différents lieux, en même temps que les vidéos qui y sont projetées complètent le propos : jardin, église, place publique… tandis que les lumières réussissent le tour de force de placer au bon moment l'action dans la pénombre tout en la laissant parfaitement visible. Le livret est d'autre part respecté à la lettre, Méphistophélès arborant par exemple une véritable plume au chapeau et un riche manteau sur l'épaule… même si ce ne sont pas ceux auxquels Jules Barbier et Michel Carré pensaient lors de la rédaction du livret ! Certaines scènes sont à la limite du soutenable, tels que l'assassinat de l'enfant par Marguerite, en direct, et l'exécution de celle-ci. C'est cru, sans concessions, et on s'est prise à s'inquiéter pour les enfants présents dans la salle en cette matinée dominicale.

L'Opéra de Saint-Étienne a toujours été salué par sa probité musicale. C'est ainsi que ce Faust est donné dans son intégralité, y compris l'acte de Walpurgis, si souvent coupé, et l'intégralité des ballets, dans une chorégraphie à la fois sensuelle et inquiétante, à l'image du reste de la production.

Le chœur est extrêmement sollicité, à la fois vocalement et scéniquement, et on ne peut que tirer notre chapeau pour la qualité de sa prestation, tout comme l'excellence de l', sous la direction efficace et sensible de .

Du côté vocal, est un Faust vaillant, qui maîtrise exactement les moyens de son rôle. On sent cependant que les piani ne sont pas son fort, et que ses tentatives d'alléger dans les moments sentimentaux ne sont pas vraiment le summum de sa technique. est une Marguerite intéressante, qui sait rendre fort bien tour à tour la candeur du personnage, puis sa folie. Elle devrait néanmoins songer à plus travailler sa diction.

Du fait de cette mise en scène qui refuse toute esbroufe, effets spéciaux ou magiques, pour se rapprocher simplement de l'humain, Méphistophélès gagne en sobriété. Il n'est ni hâbleur, ni histrionique, et y est tout simplement parfait.

, bien que portant beau, est un Valentin décevant, à la voix fluctuante et semblant manquer de soutien. Les choix de ont conduit à un Siebel d'une présence scénique plus importante que d'ordinaire. Comment oublier ses sanglots en bas de l'échafaud, et la façon, dont, tout seul, il porte Marguerite en terre ? y est intensément poétique.

En dame Marthe, pas forcément personnage comique, est irréprochable, tandis que dans le court rôle de Wagner, fait dresser l'oreille par de jolis moyens, qui pourraient lui prédire une belle carrière.

Crédit photographique : © Margaux Klein – Opéra de Saint-Étienne

(Visited 1 204 times, 1 visits today)