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Le retour du Postillon de Lonjumeau à l’Opéra-Comique

Créé en 1836 à l'Opéra-Comique, Le Postillon de Lonjumeau, qui revient aujourd'hui à Paris, fut un triomphe mondial jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis tomba complètement dans l'oubli.

Il fallut, pour pouvoir entendre l'œuvre d' tout au long des cent années suivantes, rester à l'affût et voyager beaucoup, ne serait-ce que dans la bonne ville de Longjumeau, qui le mit à l'honneur au début des années 2000. Conformément à son (excellente) habitude, la Salle Favart pioche dans le répertoire qui a bâti son histoire, pour notre plus grand plaisir.

La mise en scène est confiée à , dont on connaît l'immense culture, le sens de la démesure et le goût du travesti (lire notre entretien). Cette fois encore, il ne nous déçoit pas. Tout dans sa conception évoque une certaine idée que nous nous faisons de l'opéra de la fin du XVIIIe siècle, période à laquelle régnait sur scène Pierre Jélyotte, créateur entre autres de Platée, qui servit de modèle au personnage de Chapelou, héros de l'histoire, qui, abandonnant son épouse le soir de ses noces, s'envole vers la célébrité sur les planches de l'Académie Royale de Musique.

Les décors, très colorés, à base de toiles peintes, sont d'un kitch et d'un mauvais goût crânement assumés ; les costumes, avec force rubans et plumes, renvoient aux gravures d'époque, il n'est jusqu'au maquillage, avec ces pommettes rouges, qui ne nous rappelle cette période. , en robe à panier et frou-frou, s'arroge le rôle parlé de Rose, bien secondaire mais ô combien important lors des scènes de changement d'identité. Il nous gratifie en outre d'un ballet, avec lui-même en première ballerine, parfaitement hilarant.

La musique d' est à la fois agréable, facile à écouter, avec un joli sens de la mélodie, et bien plus savante qu'il n'y parait. On connaît les affinités de avec ce répertoire. Il est un Chapelou étourdissant, visiblement ravi d'être là, plein de vitalité, contres-ré en poupe, et même si d'autres contres-notes encore plus hautes, émises en voix de tête, font frémir nos oreilles modernes, on imagine que c'était ainsi qu'elles devaient être négociées à l'époque (voir les réactions de Rossini à l'écoute du contre-ut de poitrine de !). En outre, sa diction parlée est quasi-vernaculaire, avec le tic amusant de rouler les R comme dans le français chanté.

On se souvient d'une autre résurrection dans ces mêmes lieux, celui de La Dame Blanche de Boieldieu pour laquelle , tout aussi miraculeux vocalement, avait dû se faire doubler par un serviteur pour s'exprimer en langage parlé. Ici, tout y est, parfaitement. est une adorable Madeleine / Madame de Latour, avec un timbre sonore, une technique ferme, et une vocalisation nette et franche. Un véritable plaisir. , bien qu'ayant peu à chanter, puise dans ses immenses ressources comiques, et compose l'inénarrable marquis de Corcy. est un solide Biju / Alcindor.

Sous la direction de , l'Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie sonne tout a fait à propos. Ah, qu'il est beau, le postillon de Lonjumeau !

Crédit photographique : © Stefan Brion

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