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Entre tragédie lyrique et grand opéra : Olimpie de Spontini

Trois ans après sa résurrection concertante à Paris, le présente enfin l'enregistrement d'Olimpie de . Et la musique vaut définitivement le détour.

Non, Olimpie ne fut jamais un succès à Paris. Créée à l'Académie Royale de Musique en 1819, l'œuvre fut retirée de l'affiche après sept représentations. Elle revint, remaniée, en 1826 – mais là non plus elle ne s'inscrit pas durablement au répertoire.

La musique de Spontini – ce nouvel enregistrement le prouve – n'en est certainement pas la cause. Si certains passages rappellent la tradition gluckiste, Olimpie regarde décidément vers l'avenir. Orchestration, ingéniosité mélodique et le goût du grandiose préfigurent le grand opéra qui, à partir des années 1830, fera la pluie et le beau temps à l'Opéra de Paris. Le livret en revanche, inspiré par la tragédie homonyme de Voltaire, ne fut plus dans l'air du temps. L'intrigue, très statique, manque de variété – et les personnages, souvent très uniformes, peinent à exister.  Tâche difficile donc pour les interprètes de créer, sous ses conditions, des caractères en chair et en os.

Dans l'enregistrement, c'est la mezzo qui y réussit le mieux. Voix longue et puissante, riche en nuances et couleurs, elle incarne à merveille Statira, la veuve d'Alexandre le Grand. Furie vengeresse se transformant en mère attendrie, elle dresse un portrait touchant du rôle grâce également à une diction française impeccable. Face à elle, a plus de mal à faire vivre le rôle-titre. Très à l'aise dans les passages élégiaques, mais plutôt tendu dans le registre aigu, elle manque de panache dans les scènes plus dramatiques.

Côté hommes, c'est la baryton-basse qui convainc le plus. Doté d'une voix grande et dramatique, il confère une impressionnante noirceur au rôle du méchant Antigone. Plus en retrait, en Cassandre. Confronté à une tessiture très centrale, sa voix manque d'éclat – et le personnage de charisme. Rien à redire en revanche quant à qui prête sa belle voix de basse noble aux deux personnages de L'Hiéraphante et du prêtre.

Saluons, pour finir, la belle prestation du et du Cercle de l'Harmonie sous la baguette énergique de . Très attentif aux couleurs de l'orchestration, il fait aussi vivre le drame.

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