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Schubert et Berwald enfin rassemblés

Les disques associent parfois des compositeurs et créent des familles. Que serait le quatuor de Debussy sans celui de Ravel, la sonate pour violon de Franck sans celle de Fauré ? Berg sans Webern ? Joyeux mariages ! nous présente aujourd'hui deux compositeurs, Schubert et Berwald qui, bien que contemporains, ne se sont jamais croisés de leur vivant. Mais en écoutant leur musique, nous entrons bel et bien dans le mystère de la transmission.

L'ensemble de , cette fois en formation de chambre, propose pour commencer le célèbre Octuor D. 803 de . Nous retrouvons dans cet effectif chambriste la même qualité qu'avec l'orchestre au complet sous la direction de . Au-delà des notes, des nuances, des couleurs, il y a l'engagement voluptueux des musiciens. Les vents, notamment le cor, redonnent aux instruments anciens toute leur somptuosité originelle. Des timbres veloutés, acides, faisant éclore toute la transparence de la musique.

Les instruments s'allument et s'éteignent à tour de rôle, comme dans une immense guirlande. Le jeu du premier violon, très viennois, nous rappelle que le style est l'élément fondateur d'une identité. C'est ainsi que Schubert prend des airs cosmiques, tant cet octuor transcrit des flots d'impressions et d'états d'âme, avec parfois ce recueillement dramatique cher à Mozart. Anima Eterna habite cette musique avec tout l'amour que l'on réserve aux belles choses. La nature n'est jamais très loin chez Schubert avec ses chants pastoraux et les cris étouffés de la forêt.

La deuxième partie de ce disque est consacrée à un grand méconnu, (notre portrait), contemporain de . Les deux artistes ne se sont jamais rencontrés. Leur musique est leur seul lien. Berwald a fait carrière à Stockolm tandis que Schubert est resté à Vienne. Malgré cette distance, nous retrouvons un même goût pour une sorte de transparence dans l'écriture et une heureuse alchimie entre les vents et les cordes. Ce grand Septuor en si bémol majeur rempli de grâce est entreprit d'excellente façon par les membres d'Anima Eterna. Les couleurs chatoient, le discours avance. Les tableaux se déploient, du pastoral à l'introspection de l'âme. Difficile de passer après Schubert ? A peine. Rappelons que Berwald était un enfant prodige et que, excusez du peu, Franz Liszt admirait son œuvre et la maîtrise de ses effets dramatiques. Berwald laisse entendre une dramaturgie complexe entre les voix, le tout soutenu par une vivacité inspirée. Avec cet enregistrement, Anima Eterna confirme toute la pertinence de ses choix discographiques.

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