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Un Don Giovanni plein de promesses au Palais Garnier

Éminemment classique dans sa mise en scène comme dans sa direction musicale, cette nouvelle production de Don Giovanni à l'Opéra de Paris vaut surtout par une distribution reposant pour l'essentiel sur de jeunes chanteurs.

En succédant à la décapante et inusable vision de Michael Haneke, la mise en scène d' parait évidemment bien sage, voire indigente et, en tous cas, diamétralement opposée à la précédente, par sa fidélité au livret et par son absence de message sociétal ou socio-politique sous-jacent. Un premier degré qui n'est toutefois pas synonyme de niaise simplicité tant cette lecture du divin Mozart entraîne immédiatement l'adhésion par sa lisibilité, transposant simplement l'intrigue dans une ville déserte du sud de l'Italie dans les années 50, sur fond de vendetta dont témoignent les pistolets portés à la ceinture. La scénographie très minérale joue sur l'alternance de l'ombre et de la lumière, à la façon de Giorgio De Chirico ou de Piranèse, entretenant le mystère, la duplicité et la fuite, participant à la fois du décor et du drame. Tout, ici, n'est que théâtre, livret et musique suivant le cours des événements menés par un Don Giovanni « noir et dénué de toute empathie ».

Dans la fosse, le Mozart proposé par , à l'image de l'Ouverture, parait un peu daté, manquant de relief et de couleurs, trop policé, se complaisant volontiers dans une beauté sonore toute apollinienne. Clarté du discours, ambiance chambriste et équilibre sont ici les maîtres mots pour servir les chanteurs.

À commencer par Étienne Dupuis, qui campe un Don Giovanni arrogant vocalement par sa puissance face à un Leporello () qui manque peut-être un peu d'envergure et d'allegria dans l'air du catalogue. convainc immédiatement par la stature de sa basse et son charisme dans le rôle du Commandeur pour devenir saisissant dans le Final du II, tandis que semble un peu timide et réservé dans la peau de Masetto. ne démérite pas en Ottavio, par la longueur de son souffle et l'ampleur de son timbre. Du côté des dames, (Zerlina) fait valoir son beau soprano dans un « Vedrai, carino » à vous tirer les larmes, (Donna Anna) malgré un timbre un peu acide et (Donna Elvira) irréprochables toutes deux complètent cette distribution de jeunes chanteurs pleins de talent.

Crédit photographique : © Charles Duprat / Opéra National de Paris

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