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Lille piano(s) festival : dernière édition dirigée par Jean-Claude Casadesus

Pour sa seizième édition, la dernière que devrait diriger , s'est ouvert pour la première fois à l'orgue ainsi qu'à d'autres claviers que le piano.

N'ayant pu assister qu'aux concerts du dimanche 16 juin, nous avons néanmoins admiré à nouveau la variété et la diversité esthétique d'une programmation pleine d'ambition. Privé comme on le sait de son instrument de Notre-Dame de Paris pour une durée indéterminée, touche celui de Notre-Dame de la Treille, un instrument bien connu des mélomanes notamment parisiens puisqu'il s'agit de l'ancien orgue du Studio 104 de la Maison de la radio, racheté pour un euro symbolique puis reconfiguré et remonté dans la cathédrale lilloise. Le Gonzalez n'a pas toujours les jeux les plus séduisants et l'acoustique est, comme presque toujours dans une église, confuse dans les passages les plus rapides. Mais la perplexité nait surtout du choix du programme. Certes explique dans son propos introductif sa fascination devant la musique en mouvement issue des jeux de transcription entre compositeurs. Mais partir de la transcription pour piano par de la Fantaisie et fugue BWV 542 pour la transcrire à son tour pour l'orgue revient à substituer à Bach un empilement Bach+Liszt+Latry qui fait juste regretter la perfection de l'original. Et le grand , auteur de si merveilleuses symphonies pour orgue ne s'est pas grandi encore en défigurant le choral du veilleur. Quant au Prélude et fugue sur Bach de Liszt, il sonne mieux dans la version originale que dans cette transcription « syncrétique » de . Heureusement, la sublime Passacaille et fugue BWV 582 sonne admirablement, dépouillée de tout oripeau factice. Passionnant sur le papier, admirablement interprété, ce programme ne s'en avère pas moins frustrant à l'audition.


Il faut courir ensuite pour assister au concert de , premier prix du Concours Reine Élisabeth 2013 qui, dans un Auditorium du Conservatoire comble et surchauffé, donne rien moins que les vingt-trois Préludes de Rachmaninov opus 23 et 32. Sur un somptueux Bösendorfer, quelle démonstration de virtuosité et d'empathie avec l'œuvre ! Au-delà de la maîtrise digitale impressionnante, le grand cycle se développe avec la puissance et l'émotion du lyrisme propre à Rachmaninov.

Retour (en courant encore, conséquence d'une programmation à la densité considérable) à l'auditorium du Nouveau Siècle ensuite pour le récital de . Plus que des Mozart un peu trop démonstratifs, c'est dans Ravel (Sonatine et Miroirs) que la soliste française donne le meilleur de son art. Dommage que la programmation lui ait attribué ce trop vaste auditorium froid.

Enfin, le concert de clôture offre une seule œuvre mais c'est le superbe Concerto n° 2 de Brahms joué par l'immense , comme toujours bouleversant de finesse, de toucher et de lyrisme, en particulier dans le mouvement lent, sommet d'émotion pudique et contenue. Regrettons que l' sous la baguette de Casadesus soit un cran en dessous par rapport à cet immense soliste et ce dès le solo de cor introductif, frôlant la sortie de route. Mention particulière au bis, la délicieuse mélodie de l'Orphée de Gluck transcrite par Sgambati.

Bravo en tout cas à cette programmation intelligente et stimulante dont on espère qu'elle se perpétuera pour les prochaines éditions malgré le départ de .

Crédits photographiques : © Ugo Ponte/ ONL 

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