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Grisey, Berio et Vivier par l’EIC au Festival d’Automne

Avec trois compositeurs du XXe Siècle, dont sur lequel le Festival d'Automne se concentre cette année, l' sous la direction de continue son exploration si importante du répertoire moderne.


Deux percussionnistes entrent dans une Cité de la Musique presque noire pour ouvrir le concert de l' avec une courte pièce de . Dédiée à Dominique Troncin, compositeur mort du sida à 33 ans, Stèle est écrit en 1995, trois ans seulement avant le décès prématuré par rupture d'anévrisme de Grisey. Une brosse frottée sur la plus grande des deux grosses caisses permet de concentrer le public et d'écouter pendant sept minutes les motifs funéraires et les espaces sonores complexes de l'artiste, pendant qu'en face de , à l'opposé de la scène, l'autre percussionniste répond et alterne les baguettes pour traiter cette troisième œuvre pour percussions du compositeur.

Après un long changement de plateau, deux groupes instrumentaux intègrent la scène, ainsi que deux chœurs d'enfants et la contralto . L'ouvrage proposé maintenant est l'un des derniers de , Ofanìm, écrit de 1988 à 1997 d'après des textes du Livre d'Ézéchiel et du Cantique des Cantiques. Très rare, on espère que cette œuvre fera l'objet d'un enregistrement par l', rigoureusement maîtrisé sous la battue ample de , attentif envers l'excellente . Les enfants parfaitement préparés par la cheffe de chœur Edwige Parat débutent l'œuvre d'une demi-heure, plus complexe dans son matériau que les plus célèbres de Berio. L'assistance électronique permet de relancer de nombreuses parties chorales ou instrumentales, à commencer par un superbe passage de flûte, sur différents haut-parleurs dispersés dans toute la salle. Puis dans les dernières minutes, jusque là immobile au milieu du groupe se lève et s'avance pour interpréter une partie de cantique d'une voix sortie de ses entrailles, accompagnée par les sonorités lancinantes des cuivres en arrière-fond.


Dédiée à , compositeur mort assassiné à Paris à trente-quatre ans, la seconde moitié du concert ne permet pas de découvrir l'artiste par son travail le plus passionnant, affirmé surtout dans les six dernières années de sa vie, sur lequel l'ensemble reviendra cette saison. Hiérophanie est à l'inverse une pièce de jeunesse, d'un homme de vingt-deux ans, certes déjà fasciné par l'œuvre de Varèse sur laquelle il est en train de finir sa thèse, mais encore très diffus dans les solutions utilisées pour se créer un univers propre. L'ouvrage, créé seulement en 2010 à Cologne, et qui littéralement revient à « révéler la lumière sacrée » d'après un terme découvert chez Mircea Eliade, utilise une dizaine de musiciens ainsi qu'une soprano. Il bénéficie pour cette représentation d'une mise en scène de Silvia Costa, artiste très proche de Romeo Castellucci, dont elle recherche certaines démarches dans la notion d'éléments transcendants, comme les clés accrochées derrière chaque costumes des musiciens en noirs, sur lesquelles sont inscrits l'une des lettres du titre de la pièce. Le morceau de météorite dans la main de la lumineuse soprano , tout comme les sculptures dorées de Paola Villani, ne parviennent pas à procurer un véritable mysticisme ni à exalter une partition trop éparse, dont ressort la lecture toutefois impliquée d'Alice au Pays des Merveilles par le corniste lors d'un passage autour du public, suivi par la soprano plongée dans la ferveur d'un Ave Maria. agence le tout du milieu de la scène, souvent sans bouger, donnant juste les départs aux musiciens dispersés tout autour du parterre, en plus de jouer au héros lorsqu'il se prend à poser de profil avec un casque ailé.

Crédits photographiques © EIC

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