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Netopil emmène l’Orchestre National de France vers l’Est

Pour la première fois devant l', propose cette saison un programme où s'entremêlent les trois compositeurs tchèques les plus célèbres et le Hongrois .

Taras Boulba de n'avait pas totalement convaincu lors de son enregistrement en 2013, mais il semble maintenant qu'une vision soit proposée à cette rhapsodie symphonique, même s'il aurait sans doute fallu plus de services d'orchestre pour la concrétiser. Car si les instruments pris séparément convainquent, particulièrement le premier violon de , le cor anglais introductif, ou la chaleureuse clarinette basse qui laisse ensuite seul l'orgue de l'Auditorium de Radio France, c'est dans leur totalité que les musiciens ne se montrent pas assez condensés.

Cette même impression apparaît en deuxième partie pour la première moitié de Má Vlast (Ma Patrie) de Smetana. Il est clair que le fait d'avoir vendu ce concert sous le titre La Moldau a permis de remplir totalement la salle, mais alors, on aurait pu ôter une œuvre à la première partie pour jouer tout le cycle tchèque et ses six morceaux, ou ne programmer que La Moldau en ouverture de concert pour jouer tout un opus des Danses Slaves de Dvořák ensuite, quand seulement deux sont finalement proposées en fin de soirée. Du coup, Vltava (La Moldau) apparaît comme très bien préparé, notamment ses deux harpes, et plus encore la première, excellente. Mais si les violons emmenés par ravissent dans leurs amples nappages, Vyšehrad manque d'abord de densité et de vigueur, quand Šárka perd ensuite en caractère. L' se stimule véritablement dans les derniers instants, pour les Danses slaves n° 1 et 8 du premier cycle, opus 46, d'. Là, le volume sonore augmente en même temps que la dynamique, pour deux pièces que l'ensemble prend plaisir à jouer, toujours avec une palette de couleurs bien rapprochée du style tchèque par le chef.

Ces teintes relatives à la musique de sa patrie auraient pu dénaturer le Concerto pour piano n° 3 de proposé juste après la rhapsodie de Janáček, car bien que géographiquement proches, les musiques tchèques et hongroise n'utilisent pas du tout les mêmes coloris. Fort heureusement, l'ouvrage est bien assombri par Netopil, qui laisse ressortir plus d'opacités des bassons, comme d'un cor anglais très différent dans sa tonalité par rapport à la pièce précédente. s'accorde à cette vision par un jeu toutefois très français, qui ne peut s'empêcher de  régulièrement rapprocher la dernière composition du hongrois de la modernité de Debussy. Le premier mouvement pèche parfois par le doigté accrocheur du pianiste, mais le second, le splendide Adagio religioso, est magnifié par ce jeu debussyste, tout particulièrement dans sa section B. Le Finale profite du regain de dextérité de Bavouzet, bien dynamisé aussi par le chef pour développer les nombreux thèmes folkloriques de la partition. En bis, Bavouzet revient évidemment au compositeur français précité, avec une magnifique Image I du Livre I, Reflets dans l'eau.

Crédits photographique : © Marco Borggreve

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