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Zubin Mehta dirige la nouvelle production de Rosenkavalier à Berlin

Trois ans après une somptueuse Femme sans Ombre au Staatsoper Berlin, revient avec pour Le Chevalier à la Rose, dirigé dans la douceur jusqu'à un somptueux trio final.


Dans un état de santé inquiétant en début de saison, semble bien remis cet hiver et se permet, en plus de cinq soirs de reprise de Falstaff, la création de la nouvelle production de Rosenkavalier au Staatsoper Unter den Linden de Berlin. Les premières minutes ne rassurent pas sur la mise en place d'une , pourtant déjà superbe par ses sonorités souvent au niveau de celles de la Staatskapelle Dresden, géniale ces dernières années dans l'ouvrage de , créé par elle en 1911. Puis le tout se concentre et gagne en rigueur, pour offrir une lecture lente et sensible, faite de coloris et de climats magnifiques. Seules les scènes plus sombres perdent en ardeur, quand on retient des plus beaux moment, le Monologue de la Maréchale, ainsi qu'un trio final donné dans son plus pur dépouillement.

André Heller, artiste célèbre en Autriche, qu'une photo de programme montre enfant dans la production viennoise en 1954, signe pour l'occasion sa première mise en scène d'opéra. Le décor de Xenia Hausner recherche alors trois ambiances pour accompagner la pièce : à l'acte I une chambre japonaise, au II le palais de la Sécession et sa frise Beethoven de Klimt, au III une palmeraie inspirée de celles de Munich et Vienne au début du siècle dernier (sorte de havre de paix du baron Ochs, pour libérer les émotions de celle qu'il souhaite conquérir). À l'intérieur de ces images, accompagnées par les costumes assortis d'Arthur Arbesser, la dramaturgie ne renouvelle rien de celle de Schenck depuis cinquante ans, ou des mises en scène qui, depuis des décennies, y ressemblent. Une galaxie tournante en dernière vidéo tente de noyer les repères d'une histoire livrée comme un rêve, sans qu'en ressorte une lecture subtile.


En scène, reprend une Feldmarschallin qui a gagné en stature et noblesse par rapport à ses précédentes prestations, d'une vocalité dans la continuité de sa magnifique Gräfin. La soprano trouve face à elle le jeune Octavian de , pour une prise de rôle qui se développera encore sans doute à l'avenir dans les parties de Mariendel. La mezzo trouve déjà une superbe tenue de médium dans ce jeune amant particulièrement crédible scéniquement. prend elle aussi son rôle, pour une Sophie que l'on attendait sans doute plus éclatante à l'aigu dans les airs. La soprano utilise plutôt un chant par le bas, qui lui donne des couleurs légèrement moirées sur le haut du spectre.

Comme Nylund, vient de rechanter l'œuvre au Met sous la direction de Simon Rattle et reprend un Baron Ochs abordé avec excellence dès 2014 à Salzbourg. Il possède toujours la même aisance dans un registre grave plein, pour une approche de plus en plus définie du personnage. Des seconds rôles, montre une voix altérée pour Faninal, quand livre l'air du Sänger sans style ni finesse. On lui préfère la Marianne Leitmetzerin d', superbe de clarté. Le magnifique Staatsopernchor est, quant à lui, parfaitement préparé à toutes ses scènes par Anna Milukova.

Crédits photographiques : © Ruth Walz

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