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Arianna, l’exploration psychologique de Kate Lindsey

Les tourments d'Arianna sont un terrain de jeu idéal pour une interprète de haute voltige. La mezzo-soprano s'y trouve pleinement à son aise dans ce disque de belle facture.

Bien connue dans le répertoire mozartien pour les rôles de Dorabella (Così fan tutte), Sextus (La Clémence de Titus) ou encore Cherubino (Nozze di Figaro), , artiste éclectique, évolue désormais également dans l'univers baroque avec Miranda comme dans la prestigieuse distribution de Poppée par les Arts florissants. Son dernier disque Arianna confirme cette nouvelle orientation, passant ainsi dans une autre dimension par rapport à son dernier enregistrement jazzy. La mezzo-soprano choisit d'explorer ce célèbre personnage universel à travers trois cantates du XVIIᵉ siècle, sous la complicité de l'ensemble Arcangelo. Dirigé par , les musiciens offrent un accompagnement élégant et sensible à l'interprète.

Présentée comme une « exploration psychologique », il est vrai que la cantate d', L'Arianna (Ebra d'amor fuggia), H. 242, est propice à cela. offre ainsi un panel d'expressions séduisant : une Arianna lyrique pour le premier air « Pur ti stringo o moi diletto » où l'interprète déploie une subtile insouciance ; une Arianna rêveuse dans l'air « Stringa si dolce nodo ardente amore » où la chanteuse propose un legato enveloppant ; une Arianna rageuse face à la trahison de Thésée (« Ingoiatelo ») ou la colère de la mezzo foudroie ; et l'incommensurable tristesse d'Arianna que la chanteuse dépeint avec une agréable intelligence dans le dernier air « Struggiti, o core ». Malgré tout, Kate Lindsey sait maintenir la distanciation du narrateur dans cette alternance émotionnelle délicate.

La qualité des récitatifs de l'interprète se retrouve dans la cantate de  Ah ! Crudel, nel pianto mio HWV 78 : l'attention portée au sens des mots et à l'accentuation permet d'entendre un « Balena, il cielo » de toute beauté. Ici, l'exploration est plus intériorisée, même si la voix traduit une douleur convaincante et que les contrastes émotionnels sont toujours bien présents.

La dernière cantate du disque, Arianna a Naxos de Franz , correspond à la version orchestrale de 1808 de Sigismund Neukomm, élève de Haydn. La sensibilité de la mezzo rend justice à toutes les composantes dramatiques de l'ouvrage. Les tensions intérieures de l'héroïne se diffusent sans une once d'excessivité, ne laissant ainsi aucun doute sur la performance interprétative intense de la chanteuse, véritable poumon de cette proposition discographique soignée.

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