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Rencontre de la musique luthérienne et du baroque italien par Clematis

Dans la lignée d'un précédent CD intitulé Vater Unser, l' poursuit son exploration de la musique sacrée allemande de la seconde moitié du XVIIᵉ siècle. Pour l'occasion, c'est la voix de la soprano qui dialogue avec les violons. 

C'est à nouveau dans le précieux manuscrit Dübben, conservé à Uppsala, que l' est venu puiser des pépites qui mettent en évidence l'influence du baroque italien sur les compositeurs luthériens. Si certains de ces musiciens sont eux-mêmes allés en Italie s'abreuver à la source du nuovo stile, comme Rosenmüller (à Venise) ou Bernhard (à Rome), c'est principalement à Schütz que l'on doit d'avoir rapporté de Venise à Dresde la pratique du style ultramontain. C'est peut-être grâce à lui que l'on trouve dans le fameux manuscrit Dübben une version du Confitebor attribuée à Monteverdi, psaume qui tient une place centrale dans le programme de ce disque, au milieu de motets de Buxtehude, Hammerschmidt, Scheidemann… Dans ce psaume comme dans les pièces allemandes, le rôle des violons qui dialoguent avec la voix soliste est prépondérant. Après une sinfonie introductive, on entend ici comme deux chœurs d'égale importance qui dialoguent : d'un côté la voix, accompagnée par la basse de violon et l'orgue, à laquelle répondent les cordes auxquelles s'adjoint l'accompagnement du basson. La présence du basson dans le continuo donne à l'ensemble une couleur incomparable. On retrouve une structure semblable dans le concert spirituel Ach Herr, strafe mich nicht de Rosenmüller qui ouvre le programme. Dans la partie centrale, la voix imite les sanglots évoqués par le texte, dans une expressivité exacerbée, reprise en écho par le violon. Deux motets d'Hammerschmidt illustrent parfaitement l'écriture madrigalesque qui a inspiré les compositeurs allemands. Élève de Schütz à Dresde et chanteur réputé, a laissé un traité de technique vocale. Son motet Aus der Tieffen est, au-delà d'une démonstration de virtuosité, un grand moment d'expressivité, à l'image de l'ensemble du programme.

L', formé ici de trois violons, trois violes et du continuo, est placé sous la direction bicéphale de son premier violon et de l'organiste . Pour la partie vocale, ils ont fait appel à la jeune soprano , primée à la dernière édition du Concours Corneille en septembre dernier à Rouen. Ce choix se révèle particulièrement judicieux pour ce répertoire, où la voix très pure de la soprano est en parfaite osmose avec la ligne déliée des violons, dans un dialogue d'une admirable souplesse. La théâtralité de l'expressivité baroque est ainsi parfaitement rendue tout au long de ce programme. On appréciera également la présentation qu'en fait dans le texte du livret.

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