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Panorama de l’orgue avec Olivier Latry à la Philharmonie de Paris

En plein après-midi de dimanche pascal, a proposé un large panorama du répertoire pour orgue sur le Rieger de la Philharmonie de Paris, où se démarque tout de même la pièce de Messiaen et la Toccata de Bach.


La scène et l'orgue sont seuls éclairés dans la Grande Salle Pierre Boulez de la Philharmonie lorsque entre pour rejoindre l'imposante console blanche en plein centre. Invité à célébrer le Rieger dès 2016, juste après son installation, il initie à présent son récital de plus de deux heures par un compositeur marquant au siècle passé pour cette instrument : Marcel Dupré. Cortège et litanie, op.19 n° 2 débute en sourdine, faisant d'abord douter de la puissance de l'outil, avant que les panneaux ne s'ouvrent pour exalter un son plein dans un large volume sonore.

Déjà très agile de ses mains, expose ensuite son jeu de jambe avec la Variations sur un thème de Paganini, évidemment sur le 24ème Caprice, de George Thalben-Ball. Étude pour pédale solo, l'œuvre met en avant la dextérité avec laquelle l'organiste développe le célèbre thème, d'un geste très contrasté en même temps que leste sur les marches du pédalier, parfois liées entre elles sur toute la largeur pour développer d'amples glissandi. Les mains reviennent en fin d'ouvrage, pour une coda en forme de toccata exaltée. Puis on passe à une pièce de Jehan Alain, Variations sur un thème de Clément Janequin (qui en réalité n'en était pas un), véritable hommage à l'écriture médiévale parfaitement rendu par le compositeur et l'interprète.

Joie et clarté des corps glorieux extraits des Corps glorieux met en avant le génie d', indubitablement supérieur à celui des artistes précédents, surtout dans la technique d'écriture pour orgue, à la fois bien sûr très moderne en même temps que toujours dévolue à la puissance du message. Olivier Latry se montre alors un interprète idéal, lui aussi à la fois moderne tout en ne priorisant jamais la forme sur le fond. Un Boléro sur un thème de Charles Racquet conclut la première partie et nécessite l'arrivée de renforts : deux percussionnistes, dont le premier, Camille Baslé, tient du début à la fin le rythme sur caisse claire, tandis que le second, Nicolas Martynciow, le renforce dans le forte en fin de crescendo. Intéressante, la partition a été retranscrite par Jean-Marc Cochereau sur une improvisation de son père, Pierre Cochereau, longtemps tributaire des grandes orgues de Notre-Dame de Paris, juste avant Olivier Latry.

La seconde partie fait honneur à Franz Liszt, avec une boucle sur le programme, puisqu'on retrouve Marcel Dupré dans sa transcription de la Variation pour piano sur « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen » du compositeur hongrois. Là encore, la technique de Latry ressort par l'amplitude de son jeu, tant sur les claviers qu'aux pédales. Liszt encore, cette fois sans l'aide d'une main apocryphe, est entendu grâce à l'Ave Maria d'Arcadelt. Puis le programme se conclut sur un chef-d'œuvre absolu, la Toccata et Fugue BWV 565 de Johann Sebastian Bach, pour lequel on pourra préférer un son plus traditionnel, plus germanique ou plus compact, mais où la dextérité et la qualité de l'interprétation restent très élevées, notamment dans les grands moments de la fugue.

Deux bis achèvent ce dense récital. Le premier permet d'entendre un grand compositeur pour orgue non présent dans le programme, Louis Vierne, par Les Carillons de Westminster. Puis devant les longs applaudissements, Olivier Latry se rassoit une dernière fois et revient à Liszt avec un Liebestraum envolé.

Crédit photographiques : © Jacques-Demarthon/AFP

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