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Cantates de Ravel pour le Prix de Rome sous la direction de Pascal Rophé

Le Chœur et l', sous la direction de et avec une distribution vocale prestigieuse, consacrent leur dernière gravure aux œuvres composées par pour l'obtention du Prix de Rome.

Les prétendants au Prix de Rome devaient s'astreindre à plusieurs exercices académiques pour convaincre le jury composé de grands noms de la musique tels que Massenet ou Saint-Saëns pour n'en citer que deux – ceux qui avaient rapidement remarqué le potentiel du jeune Ravel. Les épreuves du premier tour comportaient une fugue et un chœur éliminatoire que le Chœur et l' nous font entendre dans le second disque de cette proposition discographique concernant Ravel : les tentatives de 1900 avec Les Bayadères, de 1901 avec Tout est lumière, de 1902 avec La Nuit, de 1903 avec Matinée de Provence et enfin L'Aurore en 1905. Au final, postulera donc cinq fois, puisqu'il avait choisi de s'en abstenir en 1904.

L'épreuve finale portait sur la composition d'une cantate sur un texte imposé, un « exercice de théâtre fort artificiel » qui n'enthousiasmait aucunement les jeunes compositeurs. Les attentes bien académiques du jury contraignaient les artistes à peu d'originalité, et ces cantates se qualifient facilement « d'exercice d'un élève appliqué » auquel Berlioz ne s'est pas tout à fait soumis.

Pour , c'est bien la voie du classicisme et de l'académisme qui a été choisie, laissant peu d'innovation et d'audace aux partitions interprétées dans le premier disque. Concernant la légende irlandaise Alyssa (1903), il avouera même avoir bâclé son travail, l'ouvrage choisissant avant tout la facilité. La scène dramatique Alcyone (1902), inspirée des Métamorphoses d'Ovide, laisse entendre la forte influence de Massenet, certains la qualifiant même de « pastiche ». L'orientalisme de Myrrha, trouvera grâce aux oreilles des membres du jury de l'édition de 1901, s'inscrivant dans la grande tradition de Gounod et Massenet sans laisser percevoir la touche personnelle du compositeur. Grâce à cette cantate, il obtiendra un deuxième second Grand Prix.

L'affaire Ravel, c'est donc avant tout l'histoire de l'échec d'un compositeur réputé face à une institution. Mais c'est aussi l'échec d'une institution face à un artiste désormais reconnu, entrainant la démission de Théodore Dubois de la direction du Conservatoire. Si l'intérêt musicologique de cet enregistrement est évident, il est tout de même difficile de comprendre pourquoi une telle distribution vocale se consacre à des œuvres « d'études », , , ou encore faisant notamment partie de la distribution. Les Cantates de Rome de Ravel avait toutefois fait également l'objet de l'attention de Michel Plasson en 2000 (EMI Classics) avec des interprètes tout aussi prestigieux que Ludovic Tézier, Yann Beuron, Beatrice Uria-Monzon et de nouveau .

Intéressant plus qu'attrayant, l' démontre toutefois dans Myrrha une variété de registres intéressante, de l'alanguissement aux sonneries triomphales. La baguette de ne tombe pas dans les pièges de ces pièces académiques en choisissant plutôt le parti du raffinement et des couleurs. Ce disque est aussi celui de la tradition du chant français avec une diction claire et naturelle, la simplicité des lignes, la facilité d'émission de l'ensemble des participants désormais rompus à l'exercice dans de nombreuses propositions discographiques actuelles.

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