- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le Printemps de la mélodie

Organisé chaque année depuis 2002 à la Péniche Opéra, sous la direction artistique de , « le Printemps de la Mélodie » met à l'honneur un genre quelque peu délaissé aujourd'hui par des compositeurs qui n'accordent plus le primat aux paroles (c'est le cas d'Aperghis par exemple) ou préfèrent reporter le débat dans le genre opératique (comme Dusapin qui se lance dans un sixième ouvrage lyrique !). Cet enregistrement live souffrant inévitablement des conditions acoustiques du lieu (bien que très chaleureuse, La Péniche Opéra ne « sonne » pas de façon idéale) a retenu sept compositeurs d'aujourd'hui qui, chacun à leur manière, mettent en musique au XXIème siècle des textes littéraires écrits par des auteurs contemporains vivants : un choix tout à fait arbitraire qui n'induit pas forcément la modernité du discours telle cette « invitation au voyage » d'Anne Périer – choisi par – dont la mélodie surannée – autant que le timbre de bien mal servi par cet enregistrement – s'étire sans grâce au-dessus d'un accompagnement de guitare des plus conventionnels.

La voix de haute contre de n'est guère plus convaincante dans la mélodie de Le baiser de Judas tombant dans le travers d'une romance trop suave. Plus intéressant est le regard critique et plein de fantaisie porté par dans Récitatif sur « ces textes qui n'appellent pas de musique » l'invitant à une stylisation très alerte du discours chanté avec un humour légèrement décalé qui évoque parfois les comédies musicales de . Avec ce raffinement de la déclamation et le pouvoir suggestif des sonorités pianistiques, tend vers le modèle debussyste – peut-être inégalable – dans sa mélodie De barque à barque sur le poème d'Yves Bonnefoy merveilleusement chanté par . En marge du projet initial, les cinq vocalises, Aigre doux de proposent cinq courts duos voix/clarinette jouant sur les « comportements » toujours différents des deux partenaires en présence. Sur une bonne assise tonale qui ne renie pas son appartenance aux siècles passés, opte pour le ton franchement comique dans des extraits de Poésie par la racine sur des poèmes de , exploitant toutes les ressources de la déclamation bouffe sur les figures très en verve du piano.

C'est davantage au théâtral musical qu'appartient l'œuvre d'André Serre-Milan A quatre voix – celle du chanteur , du piano, de la pianiste et du support audio : Juxtapositions et superpositions d'ambiances sonores différentes qui théâtralisent les poèmes de , entraînant parfois le traitement sonore des mots à travers une dramaturgie intéressante qui a l'avantage de refermer cet album sur une note plus originale et …d'actualité.

(Visited 313 times, 1 visits today)