- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Grandiose et extraordinaire ! Cremonesi nous fait découvrir Sartorio

Né et mort à Venise, fut une figure majeure de l'Italie du XVIIe siècle. Kapellmeister de la cour du prince Johann Friedrich de Hanovre entre 1665 et 1675, ce compositeur resta pourtant toujours fidèle à sa chère cité de la lagune qui le porta, en 1676, au rang de vice maître de chapelle de San Marco.

Crée en 1676 au théâtre San Luca, salle qui vit la plupart de ses créations d'opéra, Giulio Cesare in Egitto est le onzième ouvrage lyrique de son auteur. Le livret de la partition, œuvre de Giacomo Francesco Bussani restera célèbre pour être repris, mais avec force transformations, par Haendel comme base de son illustre opéra éponyme. Quasiment inconnue, cette partition fit l'objet de courageuses tentatives de reconstitutions, mais c'est le festival d'Innsbruck 2004 qui offrit à cette pièce, les conditions optimales d'une recréation.

Le chef d'orchestre , auteur de sa propre version du matériel à partir de sources lacunaires, est la cheville ouvrière de cette importante résurrection. Dès la première écoute, l'oreille est saisie et fascinée par l'efficacité de l'ouvrage, la beauté mélodique et la richesse des sonorités. Pas d'airs longs et démonstratifs, mais des parties brèves qui jouent sur les ruptures et les contrastes et qui ne font qu'endiabler l'action. Certains airs comme «Quando voglio» de Cléopâtre ou le duo «la speranza mi parla» entre Cléopâtre et Sesto sont des merveilles d'inventivité.

Survolté et sur-vitaminé, le chef lance son excellent ensemble La Cetra à l'assaut des pyramides et il conduit les deux heures et demie de l'ouvrage sur un tempo de l'enfer. Face à un tel déferlement d'énergie les chanteurs cherchent un temps leur marque avant de jouer le jeu de l'énergie et du tonus. Assez inégale dans ses apparitions, la soprano Alexandrina Pendatschanska s'avère un Giulio Cesare sensible et engagé. lui donne la réplique parfaite en Cléopâtre. Comme à son habitude est déchaîné dans son interprétation de Tolomeo. On retrouve toute une équipe de jeunes chanteurs talentueux : , Fererico Sacchi, , et surtout qui se démène dans le désopilant rôle de Rodisbe, la nourrice de Cléopâtre.

Un disque bonus nous offre des extraits de la collection de musique ancienne de la radio publique autrichienne ainsi que le livret intégral en italien et sa traduction en anglais ou en allemand. En conclusion, cette réalisation idéale d'un ouvrage exceptionnel, s'impose comme l'un de disques plus indispensables de ce début d'année.

(Visited 739 times, 1 visits today)