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Un Lohengrin de rêve avec une Petra Lang d’anthologie

Il est désormais sûr. L'événement lyrique de la saison 2007/2008 à Cologne n'a pas eu lieu à l'Opéra, mais à la Philharmonie. En programment deux représentations en concert de Lohengrin avec une distribution de rêve, l'orchestre symphonique de la radio de Cologne a rassemblé les wagnériens de près et de loin. Et ils n'ont pas été déçus.

Premier atout de cette soirée grandiose : , directeur musical de l'orchestre. Dès les premières mesures du prélude, il se plonge littéralement dans la musique. Avec sa gestuelle à la fois précise et suggestive, il entraîne ses musiciens qui le suivent comme un seul homme. En résulte une lecture nuancée, mais surtout hautement émotionnelle, portée par la performance magistrale de l'orchestre. Citons en guise d'exemple l'atmosphère mystique du prélude à l'acte I, la poésie des cordes au début du duo d'amour, la joie exubérante du finale I et le climat éblouissant du final I. Soulignons aussi, dans ce contexte, la prestation extraordinaire des trois chœurs réunis pour l'occasion, impressionnants de puissance et d'homogénéité.

Côte distribution, ce concert déclasse facilement ce que nous avons pu entendre, ces dernières années, du festival de Bayreuth. Ainsi, le petit rôle du Hérault a été confié à , l'un des meilleurs barytons de sa génération. Quelle voix, quelle autorité et quelle diction ! Le roi Henri est chanté par , remplaçant à la dernière minute Robert Holl qui, lui, devait remplacer Kwanchoul Youn initialement annoncé. Grand expert des rôles wagnériens depuis bientôt 30 ans, le baryton-basse suisse ne se montre nullement fatigué. Au contraire, il affronte crânement la tessiture aiguë du rôle tout en offrant un merveilleux légato et des graves somptueux dans la prière. En Telramund, fait valoir une voix plus caractéristique que belle, d'un mordant très bienvenu, ainsi qu'une diction exemplaire, faisant presque oublier un aigu parfois un peu crispé. A ses côtés, est une Ortrud d'anthologie. Dotée d'un talent scénique hors normes, elle domine facilement le podium. Sans sourciller, elle triomphe des nombreux aigus de son rôle en nous gratifiant en même temps de superbes demi-teintes et d'une riche palette de couleurs.

étant malade, c'est qui chante le rôle d'Elsa. Si la voix n'est pas très grande et manque d'un timbre personnel, la jeune soprano possède la couleur virginale et l'aigu lumineux requis. Et ses piani sont d'une grande beauté.

Venons enfin au rôle-titre qui trouve en rien moins qu'un interprète parfait. Tour à tour vaillant et poétique, puissant et doux, son Lohengrin est le héros mythique par excellence. Il chante le rôle avec une facilité déconcertante. Pas un piano n'est évité (même pas le terrible « Heil dir, Elsa »), pas un aigu n'est forcé. Et comme si cela ne suffisait pas, il chante encore la version la plus complète de la partition en y incluant la deuxième partie du récit du graal (coupé par Wagner lui-même) et la prophétie au roi.

Dès le premier entracte, le public applaudit à tout rompre les musiciens – des applaudissements qui deviennent une véritable ovation à la fin de la soirée. Et une ovation amplement méritée.

Crédit photographique : © DR

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