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Sage offenbacchiade orphique

Le public dijonnais s'était déplacé massivement pour venir écouter Orphée aux enfers d'Offenbach à l'auditorium. Toutes les représentations sont en effet annoncées «à guichet fermé». Si la mise en scène d', très classique, offre quelques trouvailles, le plateau reste quelque peu inégal pour une prestation globalement séduisante et agréable.

Les décors de Damien Caille-Perret sont assez convenus : une cuisine aménagée au premier acte, les dieux autours d'une table au second, un lit et quelques drapés au troisième, une scène avec un rideau rouge sur scène, avatar du théâtre dans le théâtre pour le dernier ; mais ils fonctionnent paradoxalement assez bien. Julien Behr et incarnent respectivement Orphée et Eurydice avec une réussite certaine, soulignant en ces êtres désabusés, la caricature d'une mythologie démythifiée. A noter la présence et la voix vraiment très sensible et prenante de , même s'il est fondamentalement dommage de l'avoir obligée à camper une mégère à la diction imparfaite et au style trop gouailleur dans ce qui aurait pu être, sinon raffiné, du moins simplement espiègle. , dans le double rôle d'Aristée et Pluton offre, outre des qualités vocales évidentes, une belle présence sur scène. Un moment d'anthologie lorsqu'il se coince les parties intimes dans un tiroir de la cuisine et que, de ce fait, il chante une octave plus haut, avant de retrouver sa voix d'origine et sa virilité… campe une Opinion publique sévère mais efficace, drôle par moment. Si elle se présente comme un Deus ex machina, Jupiter, le «Deus sexe machina» pourrait-on dire, reste le seul à lui tenir tête, mais ne s'impose pas véritablement en la personne de Vincent Deliau. Le maillon fort reste Jérôme Billy, alias John Styx, qui offre un one man show désopilant à la variété de tons et de caractères impressionnante ! Dans des rôles plus secondaires, il faut souligner la prestation d', en pétillant Cupidon.

Quant à l'orchestre, il offre sous la baguette de , de bons et beaux moments malgré des déséquilibres d'une part avec les chanteurs parfois couverts, et d'autre part à l'intérieur même des familles d'instruments. L'exemple le plus emblématique reste la fameuse révolte olympienne où Dieux et demi-dieux chantent : «Aux armes !» et où retentissent, ou plutôt devraient retentir quelques notes de la Marseillaise. Le public dijonnais n'a en effet pas pu bénéficier de ce trait d'humour musical car la citation a été recouverte et est donc restée non perceptible aux non-initiés. On ne peut donc pas dire, à l'instar de Maxime Kapriélian dans sa critique du spectacle aixois de 2009, qu'Offenbach «est sauvé par l'orchestre…»

Mais l'ensemble reste coloré et sympathique et le public dijonnais a salué chaleureusement cette prestation qui lui aura prodigué beaucoup d'amusements et de divertissements…

Crédit photographique : Festival d'Aix-en-Provence 2009 © Elisabeth Carecchio

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