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Noir c’est noir, Manon sans espoir

L'Opéra de Montpellier a fait le choix de terminer sa saison avec le premier grand succès de Puccini. Cette Manon Lescaut aux sept librettistes, dont il ne reste de l'original de l'Abbé Prévost que les moments forts, était dans la lecture de foncièrement noire et assez peu théâtrale.

Si ce parti-pris habituel du nouveau directeur des lieux est efficace dans des œuvres proches de l'oratorio, tels Le Château de Barbe-Bleue ou Jeanne d'Arc au bûcher, il trouve ses limites dans l'opéra traditionnel. Les chanteurs semblent livrés à eux-mêmes sur le plateau et les mouvements du chœur restent très conventionnels. Cette indigence scénique est toutefois compensée par un sens du visuel prononcé, Scarpitta proposant quelques tableaux saisissants par de très subtils jeux de lumières.

La distribution elle aussi réserve ses surprises et ses faiblesses. Oublions , bellâtre hurlant qui glapit plus qu'il ne chante. reste égal à lui-même, très professionnel, sachant placer chaque mot – on ne peut que regretter la brièveté du rôle de Lescaut. L'ensemble des seconds rôles est bien tenu et homogène. Le triomphe de la soirée revenait fort justement à , jeune soprano hongroise au timbre d'airain. La voix est puissante, la technique solide, la présence scénique indubitable : un nom sur lequel compter à l'avenir.

Dans la fosse, gère au mieux un chœur en grande forme et un orchestre parfois trop tapageur. Mais l'acoustique du Corum n'arrange rien, il est vrai.

Crédit photographique : (Manon Lescaut) & (Des Grieux) © Marc Ginot

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