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Wagner/Janowski vol. 2 : Des très grands « Maîtres Chanteurs »

Ce deuxième volet de la série consacrée au projet de d'offrir les dix principales œuvres opératiques de , Die Meistersinger von Nürnbergs'inscrit dans la même veine musicale du récent Fliegende Holländer.

Si la musique reste souvent grandiose, de prime abord la multitude de personnages habitant cette œuvre ne rend pas l'écoute facile. Et sur un opéra de plus de quatre heures, si une comparaison des versions existantes sur le marché pourrait s'avérer utile pour le consommateur soucieux du prix de son investissement, elle demanderait une étude trop approfondie pour risquer de finalement manquer de l'objectivité nécessaire. Nous nous bornerons donc à relever les points les plus marquants de cet enregistrement.

D'emblée, est-ce un problème de disposition des micros d'enregistrements, une inadéquation du Rundfunk-Sinfonieorchester à l'acoustique de la salle de la Philarmonie de Berlin, qui génère l'écrasement des fréquences aigues par des basses trop accentuées étouffant jusqu'à la ligne harmonique de l'ouverture. Une impression qui tend à disparaître dès qu'entrent en jeu les voix du . Comme par enchantement, les problèmes sonores de l'ouverture s'apaisent pour laisser place à l'expression magique du lyrisme wagnérien que domine parfaitement. Si les violons n'ont pas le brillant que le chef polonais a su imprimer à l'Orchestre de la Suisse Romande, ils ont la précision du langage et de l'articulation. Une difficulté qui semble s'amenuiser bientôt.

Au fur et à mesure que les chanteurs prennent leur rôle en main, l'ambiance se fait de plus en plus électrisante, invitant l'orchestre à soigner ses timbres, le chef à se surpasser. Ainsi, passées les vingt premières minutes, le climat musical s'enflamme, dépassant la staticité imposée par cette version de concert, la musique de Wagner jaillit hors de l'impersonnification de l'enregistrement pour envahir l'espace de votre chaine de haute-fidélité, de votre chambre, de votre appartement changés bientôt en véritable théâtre.

Un miracle qu'on perçoit soudain avec l'arrivée de l'admirable ténor américain (Walther von Stolzing) qui, dès sa première intervention, s'affirme comme le titulaire incontournable d'un rôle dans lequel il débuta à Bayreuth en 1997 déjà. La voix est claire, lyrique à souhaits, un régal qui perdure tout au long de l'enregistrement. L'achat de ce coffret se justifierait avec sa seule prestation s'il n'était entouré d'autres excellents protagonistes. A commencer par la présence électrique de la basse (Hans Sachs), la référence actuelle du rôle, et celle non moins captivante de (Sixtus Beckmesser), deux protagonistes qui avaient déjà illuminé ces rôles dans la production genevoise des Meistersinger en 2006. Tous les duos (et ils sont heureusement nombreux) entre Sachs et Beckmesser sont d'une théâtralité prenante démontrant la complicité artistique qui unit ces deux monstres du chant wagnérien. Sans parler du monologue de Sachs, dont fait un sommet d'émotion avec la connivence intelligente que laisse transparaître dans la sensibilité avec laquelle il ouvre le prélude du sublime troisième acte.

Ainsi, probablement galvanisés par l'entourage des « grands », les autres protagonistes se plongent dans cette farce « falstaffienne » avec un entrain extrême et un engagement de tous les instants. Ainsi, le ténor (David) affirme son beau talent dans un rôle qu'il fait sien malgré son très jeune âge.

Des très grands « Maîtres Chanteurs ». A écouter sans ménagement pour vos voisins. Et tant pis s'ils ne jurent que par Mozart !

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