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Aix et le Nozze, presque réussi

Mozart et Aix, l'histoire dure depuis les débuts en 1948. Après ces dernières années un Cosi fan tutte statique, un Don Giovanni déjanté et pas très bien chanté et une Clemenza di Tito ennuyeuse, on pouvait légitimement se demander si Mozart avait toujours sa place dans la cour de l'Archevêché. Ces Nozze, sans être exceptionnelles, apportent un début de démenti.

La mise en scène de use des ficelles classiques de la transposition : le Comte est à la tête d'un cabinet d'avocat, Figaro est son factotum, la Comtesse en bonne épouse n'a pas d'activité professionnelle, Cherubino et Barbarina sont stagiaires, etc. Avec parfois ses contradictions avec le livret. Quoi qu'il en soit, sans  révolutionner le genre, a accompli un véritable travail de direction d'acteurs : rien n'est laissé au hasard, tout ce beau monde s'agite sur scène à bon escient, chaque situation, chaque geste se justifie et trouve son importance. Petite nouveauté, la Comtesse est enceinte ( l'est réellement) et on comprend bien vite que le Comte n'y est pour rien. Après tout, Léon de La Mère coupable, fils naturel de Chérubin et de la Comtesse, devait bien être conçu à un moment où à un autre.

A l'orchestre et son orchestre du Cercle de l'Harmonie dégraisse la partition au maximum. Cela sonne parfois trop sec, limite osseux, mais a pour avantage de ne jamais faire forcer les chanteurs. Mieux, la vitesse inhabituelle de certains tempos alliée à cette sonorité sèche permet la création de couleurs inhabituelles à l'orchestre. Si Verdi qualifiait lui même son écriture orchestrale de  » grande guitare « , Mozart par Rhorer se mute en  » grande mandoline « . Vision peut-être contestable – on trouvera direction plus souple et lyrique – mais cohérente et logique.

Le plateau en revanche ne souffre d'aucune faiblesse. en Susanna semble avoir définitivement renoncé à toute minauderie. Ses registres médium et graves, sans être puissants, sont suffisamment sonores pour satisfaire le grand ambitus de ce rôle. ne fait qu'une bouchée du rôle de la Comtesse. Coté hommes, si ne fait pas toujours dans la finesse, confirme son succès obtenu l'an passé dans le rôle de Leporello. domine l'applaudimètre par son interprétation toute en finesse de Cherubino. L'ensemble des comprimarii, confiés à des chanteurs de premiers plans, gagnent en importance scénique et musicale (bien que Marcellina et Basilio ont été privés de leurs airs – dommage, pour une fois que ces rôles sont distribués à des interprètes bien en voix). Enfin , dans le court rôle (avec aria tout de même) de Barbarina porte tous les espoirs d'une carrière fructueuse.

Une mise en scène énergique à défaut d'inventive, une direction orchestrale intelligente, un plateau équilibré et bien en voix : est-ce finalement si exceptionnel ? Ne dénigrons pas ces Nozze, tout à fait honnêtes et réussies. Mais n'importe quelle scène de moindre importance aurait pu relever ce défi. Un festival international et reconnu se dit de faire un évènement au delà d'un travail honnête et professionnel.

Crédit photographique : © Pascal Victor / Artcomart

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