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Le jardin d’hiver de William Christie à Besançon

Initiée en 2015 dans le jardin d'été de Sir William, la 7e édition du festival Jardin des Voix achève son parcours exemplaire au cœur de l'hiver bisontin.

Parvenu au sommet d'un art auquel seule la jeunesse peut épargner la sclérose muséale, a créé en 2001 Le Jardin des Voix, académie pour chanteurs venus du monde entier. Après deux semaines de travail intensif au théâtre de Caen sous la main verte du maître (secondé par et pour l'indispensable langage des corps) et une tournée d'une dizaine de dates, les six élus (un par tessiture) sont prêts à envahir nos scènes et notre discothèque.

La 7e édition, intitulée Un jardin à l'italienne, est un retour vers la langue qui vit naître la musique baroque : celle de Monteverdi, qui fut aussi celle de Mozart dans plus d'un chef-d'œuvre. À l'image de la vie, la soirée est en deux parties, la première dramatique, la seconde plus légère. Hélas c'est la première qui convainc totalement. Deux praticables et une unique flèche pour toute scénographie, c'est l'épreuve du feu franchie de la façon la plus vibrante qui soit par les six chanteurs, totalement investis dans cette énième mise en espace des affres de l'amour. Le soprano très fruité de , que l'on pourrait croire condamné à Despina ou Suzanne, sait aussi se faire immatériel dans un « Lascia la spina » bouleversant, chanté d'une voix quasi-blanche. , bien que peu concernée par la prononciation bouffe de la seconde partie, affiche partout ailleurs un mezzo léger d'un rafraîchissant naturel. est un ténor facétieux à juste distance émotionnelle du « Care Pupille » de Vivaldi. , aux graves aussi profonds que sa silhouette est élancée, apporte une légèreté de Puck à l'ensemble. offre investissement physique enthousiaste et assurance d'un baryton idéalement timbré. La perle de cette première partie vécue avec ferveur est le contre-ténor , qui, en Orlando de Haendel, couronne son ultime « furor » d'un grave qui génère des frissons dans le public.

L'impression que ces jeunes artistes et leur metteurs en espace ont tout donné scéniquement avant l'entracte s'impose peu à peu, impression imputable au choix des compositeurs et des œuvres d'une seconde partie qui nous fait regretter le crescendo émotionnel de la précédente édition (il est vrai que personne ne peut résister à la bouleversante adaptation par Christie du tube de Rameau « Tendre amour »). Cimarosa et Haydn (ce dernier décidément toujours en panne d'avocat) peinent à intéresser jusqu'aux Arts Florissants eux-mêmes qui, sous la baguette imaginative de , étaient pourtant parvenus dès leur première intervention (une magnifique Sinfonia de Stradella) à contredire l'acoustique sèche du Théâtre Ledoux, et que l'accélération finale de l'Orlando de Haendel avait galvanisés ; ils affichent cette fois un déficit flagrant d'imagination.

Heureusement Rossini vient réveiller la salle avec un sextuor de La Cenerentola ahurissant, qui redonne la première place à ces jeunes pousses dont les noms ne vont pas tarder à allonger la liste des belles plantes du merveilleux jardin de  : , , , , ,

Crédit photographique :  © Yves Petit /

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