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Geneviève de Brabant d’Offenbach à Montpellier

On avoue notre grande perplexité au sortir du Corum de Montpellier. Venu pour assister à la résurrection d'une œuvre rare d'Offenbach, Geneviève de Brabant, on ne peut pas dire qu'on a assisté à un mauvais spectacle, mais à quel spectacle justement ? Opéra, comédie musicale, théâtre de boulevard ?

Le choix de la version, tout d'abord. Geneviève de Brabant fut d'abord un opéra-bouffe, créé en 1859. Objet d'une nouvelle version en 1867, il devint opéra-féerie en 1875. La musique présentée ici est un mixage des deux premières. Un article, dans le programme de salle, plus la mention à plusieurs endroits « d'après l'édition critique de  » semblent donner la caution du musicologue, alors que celui-ci se défend vigoureusement de la responsabilité de ce mixage.

Ensuite, les textes sont entièrement réécrits. Cela arrive souvent dans les œuvres d'Offenbach, qui fait souvent référence à l'actualité de son époque dans ses livrets, mais dont les clés sont oubliées depuis bien longtemps par les auditeurs actuels. Cette fois-ci, la main a été très lourde, car même les paroles des airs ont été revues. On s'y perd, on ne comprend plus l'action, on ne sait pas ce qui provient de l'idée originale ou de , d'autant plus que tous les interprètes sans exception sont totalement incompréhensibles, que ce soit en chantant ou en parlant. On se raccroche désespérément au surtitrage, et on n'y comprend goutte.

La distribution, en troisième lieu, fait la part belle à , ancien Deschiens, impressionnant dans son rôle du méchant de service, silhouette maléfique magnifiquement travaillée. Il pousse même la chansonnette, d'une curieuse voix haut perchée. Ce n'est pas une première, ce comédien avait déjà marqué une Étoile de Chabrier à Nantes, puis à Nancy, mais sa présence loufoque s'intégrait extrêmement bien à ce spectacle, alors qu'ici, elle semble décalée, et impose même un certain malaise. De même, , « ténor de caractère » multiplie les facéties et les pirouettes, de façon gratuite, et pas toujours musicale.

La mise en scène, enfin, replacée dans une coquette zone pavillonnaire des années cinquante, ajoute à la confusion. Beaucoup de gags se situent au-dessous de la ceinture, mais le sujet s'y prête bien (les aventures du duc Sifroy, incapable de procréer, qui tombe malade d'indigestion le soir fatidique, après avoir ingéré un pâté aphrodisiaque) et on s'amuse devant les situations amusantes et les décors pimpants, un peu comme enfant on regardait Au théâtre ce soir. Parfois, la musique ébouriffante d'Offenbach nous rappelle qu'on est venu pour autre chose.

Du côté interprétatif, mis à part le défaut articulation évoqué plus haut, la distribution se tient bien. On ne connaissait pas une telle verve comique à , complètement déchaîné. Les dames (, , , ) sont toutes plus charmantes les unes que les autres, et les seconds rôles très à propos.
La direction de fait de son mieux pour rendre justice à la musique d'Offenbach, hélas bien mise à mal.

Crédit photographique : © Marc Ginot

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