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Reprise de Don Pasquale avec Pretty Yende et Michele Pertusi à Garnier

Créée la saison précédente, la mise en scène sans mur de Don Pasquale par retrouve l'Opéra Garnier avec une distribution plus adaptée au chant donizettien, bien que moins efficace à porter le comique du livret. 

L'année passée, nous n'avions pas totalement goûté aux charmes des décors de pour la mise en scène de Don Pasquale proposée par . Pourtant, malgré l'absence de murs, tout y est pour coller au livret de ce dramma buffo et déclencher les rires réguliers. L'ouverture de rideau donne à voir quelques vieux meubles, de l'horloge de salon au poêle de cuisine, avec dehors, juste derrière une porte isolée, une vieille Lancia. Une fois le mariage acté, la sainte Norina devient fléau, et d'un mobilier défraîchi, tout disparaît au profit d'objets designs, souvent choisis pour leur style nouveau-riche, d'une horloge Tiuku à une Maserati Quattroporte.

Le spectacle fonctionne moins cette année, et même si Pertusi est toujours présent pour un Don Pasquale en grande forme, projeté et empressé dans le chant, et même si le Notaire de Frédéric Guieu est toujours aussi grotesque dans la répétition de quelques mots à la scène du mariage. Le reste de la distribution a changé, au profit du chant plus que du théâtre. En guise de peste la saison passée, , aussi insupportable que sublimement attirante, parvenait à des sommets, là où s'en sort avec les honneurs, bien qu'elle intéresse plus lorsqu'elle chante que lorsqu'elle joue. La concentration sur les vocalises pour monter à la dernière octave sont les seuls instants mesurés d'une prestation pour le reste toujours lyrique et agile. ne retrouve pas lui non plus la prestance de Lawrence Brownlee, génial de drôlerie. Engoncé dans un jean qui le desserre, il manque d'envergure malgré des aigus stratosphériques, jusqu'au contre- insolent de son aria Com'e gentil. remplace en Malatesta et lui non plus n'a pas tout à fait la même capacité à amuser et surjouer son texte aux ficelles grossières. Après un premier duo avec Don Pasquale encore modéré, il démontre sa qualité de bel cantiste par l'excellence à porter d'un tempo énergique le canto sillabico du duo en fin d'acte II, du plus pur style donizettien.

Le Chœur de l'Opéra de Paris préparé par traite parfaitement ses deux scènes à l'acte III, solaire et léger. A l'inverse, l'orchestre déçoit par des sons aigres et malingres, même lorsque tente de porter avec gravité le solo de cor. Le chef italien applique dès l'ouverture une direction pleine de contrastes, faites d'accelerandi puis de ralentendi d'une phrase à l'autre, pour s'adapter au mieux aux émotions recherchées par la partition. Il gère de même toutes les scènes de l'opéra, dynamique lorsqu'il faut développer la nervosité en scène, et plus profond lors des instants de réflexion, comme ce superbe traitement du désespoir de Don Pasquale après la claque reçue de sa nouvelle femme. Cette reprise est à voir si l'on est amoureux du bel canto, au chant comme à l'orchestre.

Crédits photographiques © Sébastien Mathé & Elena Bauer / Opéra de Paris

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