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Christoph Eschenbach fête ses 80 ans avec Gil Shaham et l’Orchestre de Paris

À l'occasion de ses 80 ans, retrouve l' à la Philharmonie, d'abord accompagné de dans le Concerto pour violon de Mendelssohn, puis seul pour la Symphonie Fantastique de Berlioz.


Immédiatement après l'orchestre, le Stradivarius de introduit ses premières mesures de l'Allegro molto appassionato, d'où ressort déjà le génie de l'interprétation. Il n'avait plus joué l'ouvrage devant l' depuis 1988, alors accompagné par Daniel Barenboim, mais le violoniste n'a pour autant jamais mis de côté un Concerto pour violon n° 2 de Mendelssohn qu'il connaît sur le bout des doigts. Il file alors seul, d'un geste toujours parfaitement contrôlé pour un premier mouvement accompagné sans grande ferveur par . Puis le basson annonce l'Andante, et même si, comme les flûtes ou les clarinettes, il laisse ressortir de chaleureuses et amples notes, on peine à percevoir si la direction du chef tente d'y exprimer quelque chose, ou si elle s'arrête à suivre un soliste au son rêveur. L'Allegro molto vivace décuple le style agile et joueur de , encore plus seul face à un maintenant à peine en place pour l'accompagner, mais dont on remarque toujours la petite harmonie. En bis, le soliste reprend la gavotte de , déjà donnée l'an passé, aujourd'hui avec un second Stradivarius, celui de , à qui Shaham offre à nouveau la première partie.

80 ans et anniversaire obligent, passons rapidement sur la Symphonie Fantastique de Berlioz dirigée ensuite par Eschenbach telle une longue marche au supplice… L'œuvre qui avait été interprétée au concert inaugural de l'Orchestre de Paris n'avait finalement plus été jouée par l'ensemble en France depuis l'ouverture de la Philharmonie en 2015, sous Paavo Järvi, puis reprise en tournée la même année avec Valery Gergiev. Elle retrouve la salle parisienne alors que depuis deux ans, certains l'ont proposée dans des visions fortes, de John Eliott Gardiner en 2018 à François-Xavier Roth en 2019, ce dernier en compagnie de Lélio. Aujourd'hui, dès l'introduction de Rêveries, passions, les bois se montrent chauds mais fébriles. Puis très rapidement, l'impression que le chef n'a ni lecture, ni même concentration, se ressent trop largement. Les attaques rarement groupées ne convainquent pas plus que les pupitres, ni agencés, ni équilibrés entre eux. Les jeux de réponses des paysans à la Scène aux champs, partis sur scène d'un cor anglais précis mais peu concerné, repris en coulisse derrière le parterre par le hautbois, ne sont qu'un court répit avant l'intervention des altos manquant de justesse et de précision.

Le public parisien semble cependant suffisamment satisfait pour applaudir bruyamment dès la fin de l'œuvre, et laisser après quelques allers-retours les musiciens de l'Orchestre de Paris souhaiter un « Joyeux anniversaire » à leur ancien directeur musical.

Crédits photographiques : Répétition de l'Orchestre de Paris : © Mathias Benguigui / Pasco And Co

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