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À la découverte du Prometeo d’Antonio Draghi

Composé sur un livret adapté d'une pièce de Calderón, l'opéra d' a fait récemment l'objet d'une mise en scène très remarquée. Dans cet enregistrement purement audio, et ses troupes marquent néanmoins un point.

L'album est le reflet des représentations données à l'Auditorium de Dijon en juin 2018, et chroniquées dans nos colonnes. Privée de la scène, de la théâtralité du livret et de la magie du spectacle, la musique d' n'aura peut-être pas pour l'auditeur du CD toute la fascination qu'elle a visiblement exercée sur les spectateurs de l'opéra. Si elle manque parfois de variété, l'orchestration réalisée par – lequel a également recomposé le troisième acte dans sa totalité – est cependant un plaisir pour l'oreille. Le livret de Draghi, adapté d'une pièce de Calderón, ne manque pas de sel, même si l'on ne se passionnera pas forcément pour les élans amoureux de tous ces dieux, demi-dieux et autres nymphes. Créé à la Hofburg de Vienne en 1669, afin de célébrer l'anniversaire de la reine d'Espagne, l'opéra a été composé sur un livret écrit en italien, mais traduit en espagnol. La composante espagnole ressort également de la musique, écrite dans une mélodie continue plus chantante que le recitar cantando cavallien que l'on associe généralement à l'opéra italien de cette période. Quelques chœurs et jolis ariosos rompent la relative monotonie de cette déclamation permanente, qui ne prend véritablement vie que par l'intérêt suscité par certains éléments du livret : la scène dans laquelle la statue créée par Prométhée s'anime, ou encore la scène de sa destruction. Les couleurs de l'instrumentation contribuent également à créer le climat ibérique de la partition. Reste à savoir dans quelle mesure elles ne sont pas davantage imputables au chef d'orchestre qu'au compositeur…

Rien à redire sur la qualité de l'interprétation, les chanteurs s'étant visiblement approprié leur rôle au cours des représentations scéniques. Il est vrai aussi que le type de déclamation vocale à l'œuvre dans un ouvrage comme celui-ci fait moins appel à des voix virtuoses qu'à des diseurs capables de donner corps et vie à un texte verbal. On pourra saluer ainsi l'ensemble des prestations, à commencer par celle du Prometeo de Fabio Trümpi, touchant dans les doutes et les peurs exprimés par un personnage d'abord malheureux, puis finalement comblé en amour. Si en Tetis s'impose davantage par les couleurs qu'elle donne à sa déclamation, le plus beau chant provient des mezzos et , sans oublier le joli Mercurio de . Notons également la présence dans la distribution du baryton . À la tête du , préparé par Thibault Lenaerts, et de son ensemble , est de toute évidence dans son élément. On aurait simplement souhaité être davantage convaincu de la qualité d'une musique qui n'échappe que rarement à une certaine monotonie.

Peut-être une captation vidéo eût-elle été plus convaincante pour l'auditeur.

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