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Les Boréades de Rameau à Versailles

Avec une maturité manifeste et une distribution vocale intéressante, approche ses prédécesseurs dans cette version enregistrée des Boréades, sans tout à fait les égaler. 

Rameau ne verra pas la création de son dernier ouvrage lyrique, le compositeur mourant pendant les répétitions de ses Boréades. Cette tragédie lyrique n'a depuis connu qu'un seul enregistrement au disque mené par Gardiner en 1982 chez Erato, et un enregistrement vidéo dirigé par William Christie en 2003 chez Opus Arte. Le disque versaillais est l'enregistrement du concert donné en janvier 2020 au château de Versailles.

Cette nouvelle proposition discographique avec n'égale pas ces précédents, et cela même si le chef d'orchestre et son sont familiers de cette partition, les protagonistes étant même quasiment similaires à l'équipe artistique choisie lors d'une précédente production de l'ouvrage au Festival de Musique ancienne d'Utrecht en 2018.

La direction musicale sait tout de même convaincre par un son soigné, riche de couleurs orchestrales originales pour l'époque avec l'affirmation dès les premiers instants des cors et des clarinettes par exemple. La phalange se caractérise par une précision heureuse des attaques, une agréable éloquence ainsi qu'une vitalité expressive dans les danses et les divertissements.

Majoritairement francophone, la distribution vocale affirme une déclamation appréciable. (Calisis) sort du lot avec une belle projection, un timbre clair d'une mature consistance et des vocalises virtuoses (« Jouissons, jouissons », acte III). Tout comme son compère, se fait remarquer par un saisissant Abadis, rôle qu'il a tenu avec succès lors de la production dijonnaise en 2019. L'exubérance vocale de l'artiste affirme un tempérament parfois débridé qui déroute un peu. (Adamas) fait tout autant preuve de grandiloquence alors que son phrasé est particulièrement abouti. Lukáš Zeman (Apollon), chante lui aussi dans un parfait français, ce rôle de deus ex machina lui permettant de déployer une belle ligne élégante. La rudesse de en Borée, et le peu de caractère de Tomás Šelc (Borilée) complète cette équipe vocale masculine.

Angélique sous les traits d'Alphise, la soprano Deborah Cachet détient un timbre solaire, tout en affirmant une ligne souple et un chant délicat agrémenté d'ornements raffinés et d'un vibrato discret. (Sémire, Amour, Polimnie) séduit par une approche sincère et sans artifice, complétant ainsi une belle approche de cet ouvrage.

Jean-Philippe Rameau en DVD par Christie et Minkowski

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