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Der Schatzgräber de Schreker au Deutsche Oper Berlin

Après la réussite totale de Das Wunder der Heliane de Korngold en 2018, et retrouvent une nouvelle production au Deutsche Oper Berlin, Der Schatzgräber de .


La réussite du Miracle d'Héliane de Korngold en 2018 avait amené Naxos à capter le spectacle lors des dernières représentations. Les mêmes artisans de ce triomphe ont donc été reconvoqués par le Deutsche Oper Berlin pour une autre production, d'un opéra de la même période, créé avec succès à Francfort en 1920 par Ludwig Rottenberg avant d'être repris à Stuttgart, puis dès 1922 à Berlin sous la direction de Fritz Busch.

Presque disparu des scènes depuis, avec une unique apparition récente remarquée, en 2012 à Amsterdam dans une mise en scène d'Ivo van Hove déjà dirigée par , Der Schatzgräber (Le Chercheur de trésor) revient depuis que les ouvrages de reprennent de l'importance sur les scènes. Et si l'on joue encore principalement Die Gezeichneten depuis une décennie, d'autres titres commencent à trouver leur place, à l'instar d'Irrelohe en début de mois à Lyon. Cependant, Der Schatzgräber aura sans doute plus de mal à s'imposer, non tant par sa qualité musicale, d'un flux toujours lyrique et évanescent digne des grandes partitions du compositeur, mais parce que le livret rédigé par lui-même est trop compliqué et surtout, ne permet pas de s'attacher véritablement aux protagonistes.

La Reine a perdu son collier d'or. D'après son bouffon, il est possible de le récupérer grâce à un mystérieux chanteur dont le luth magique permet de retrouver les trésors… Avec cet opéra Schreker renoue avec la tradition allemande du « Märchen-oper ». Il y conte l'histoire d'une quête, en même temps que les égarements du désir et l'opposition entre amour et satisfaction temporelle.

Inspiré d'une chanteuse avec luth rencontrée par Schreker dans une chambre d'hôte – une véritable Else, cet opéra féérique rappelle quelque peu Der Ferne Klang (Le Son lointain) par l'instrument magique, mais ne permet pas à d'apporter plus qu'un classieux décor et une intelligente dramaturgie, sans pouvoir reproduire la puissance du Miracle d'Héliane, ni marquer autant certaines scènes que van Hove une décennie plus tôt.


Les chanteurs en tenues de gala évoluent sans que leurs costumes ne les distinguent particulièrement les uns des autres, sauf par un élément flagrant comme la couronne pour le roi ou le bonnet pour le bouffon. Ils semblent donc présents pour une longue soirée royale, où la Reine muette est somptueusement jouée et dansée par . Pendant près de trois heures, l'attention se raccroche alors principalement à la musique, toujours sublime et sublimée, notamment par la fosse, dans laquelle réitère une prestation équivalente à celle du Korngold pour dynamiser un flux dense et lyrique permanent, magnifiquement servi par l'orchestre maison totalement acquis.

Les mêmes forces évoluent en scène avec un chœur toujours aussi superbement préparé par Jeremy Bines et une distribution de grande qualité, de laquelle ressortent les chanteurs de la troupe, dont pour le Chancellier, en Scribe, ou Thomas Pursio en Roi très bien projeté et à la prononciation parfaite. Encore plus visible , est un bouffon impressionnant, au timbre rendu âcre pour le rôle sans être jamais dénaturé, tandis qu'à l'autre bout du spectre, le Bailli ample et chaud de marque à chaque intervention.


Els et Elis touchent tout autant et tiennent sans la moindre baisse de tension l'intégralité de leurs parties, des grandes scènes de groupes aux longs airs solistes. Le ténor ne faiblit jamais pour Elis, toujours lyrique et d'un souffle long, à l'unisson de son amante en scène, la soprano wagnérienne Elisabeth Strid, elle aussi d'une longueur de chant inaltérable. Le seul regret reste donc celui précité : de ne pouvoir s'attacher plus aux personnages du livret. Car pour le reste, tout est excellemment fait et pour ceux qui souhaiterait retrouver ce trésor en France, la production sera reprise la saison prochaine à l'Opéra du Rhin !

Crédits Photographiques : © Monika Rittershaus / DOB

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