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Le Sacre de Blanca Li et Abd Al Malik à la Philharmonie de Paris

Avec Notre Sacre, le rappeur aux multiples talents , la chorégraphe andalouse et le violoniste directeur d'orchestre ont créé, pour les spectateurs de la Philharmonie à Paris, un spectacle poétique, fort et humaniste autour du de Stravinski.

La première partie de Notre Sacre est composée de cinq pièces courtes, dont Melodia de Bartók et l'Adagio de Kodály, autour des textes forts et habités d', seul en scène, accompagné également de la formidable musique de son frère, , qui associe avec justesse l'électronique avec des partitions plus organiques. Petit à petit les jeux de lumières de habillent de formes colorées la scène et les danseurs, qui apparaissent d'abord discrètement de chaque côté du plateau envahi par les chevalets et les chaises des musiciens de l'orchestre Les Dissonances. Progressivement, les danseurs professionnels de la compagnie Blanca Li se mêlent aux étudiants semi-professionnels des CFA Pietragalla-Derouault et . Ensemble, ils investissent le devant de la scène, mais aussi les gradins, par petits groupes. Les mots de , chantre de la culture urbaine française, tapent juste : « C'est le printemps ; l'amour seul jamais ne ment » ou « La folie des grandeurs » qui fustigent la violence des hommes. La chorégraphie précise et d'une grande fluidité imaginée par renforce le propos avec beaucoup de justesse. La souplesse des corps contraste avec le choc des mots qui font mouche.

La deuxième partie est entièrement consacrée au Sacre du Printemps d'Igor Stravinski. Alors que les musiciens de l'orchestre au grand complet s'installent et s'accordent, les danseurs, sur le devant de la scène resté libre, s'échauffent, jusqu'à ce que retentissent les premières notes du Sacre. Au violon, le fondateur et directeur musical de des Dissonances, , dirige de manière organique et imperceptible. Devant eux, neuf danseurs et neuf danseuses évoluent à l'unisson. Ici ou là, l'un ou l'une d'elle s'échappe pour un solo incandescent, avant de se fondre à nouveau dans le groupe en perpétuel mouvement. Un sentiment de puissance et d'harmonie se dégage de la chorégraphie inventive de dont les racines andalouses se font jour dans des mouvements de bras omniprésents et d'une grande fluidité. Les danseurs professionnels se mêlent naturellement aux étudiants des CFA qui, comme leurs aînés exécutent des solos ou des duos de grande qualité. Cette création réjouissante, réalisée dans le cadre de l'Olympiade culturelle, est une vraie réussite, donnant une nouvelle relecture à l'œuvre de Stravinski, 111 ans après sa création très controversée, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées.

Crédit photographique :  © Ondine Bertrand / CHEEESE

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