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Le choc Elektra à Aix

La claque commence dès les premiers accords. L', dirigé par , explose littéralement. La violence de l'écriture de Strauss est ce soir magnifiée, l'orchestre porté à son maximum et le volume sonore à son paroxysme. Dès les premières secondes, on sait que la soirée sera exceptionnelle.

Et elle le fut. Outre l'excellence orchestrale, le plateau réuni est enfin digne d'un festival international. ne donne aucun signe de fatigue dans cet écrasant rôle. La ligne de chant ne se brise jamais, le soutien est sans faille, la puissance étonnante, le tout sans forcer. offre un bon contrepoids vocal en Chrysothemis, avec une voix plus claire, plus légère mais toujours bien projetée. En abordant sa première Klytämnestra, domine le plateau avec aisance et livre une interprétation magistrale de ce rôle central d'Elektra. Les deux rôles masculins, plus courts, ne déméritent pas et sont luxueusement distribués avec et . Enfin la ribambelle de seconds rôles alternent entre vieux briscards de la scène (, 79 ans, et , 89 ans !), artistes lyriques plus que confirmés (, , Renate Behle)  et jeunes talents (, , Silvia Hablowetz, ).

La mise en scène de poursuit le succès de La Maison des morts sur la même scène en 2007. Sobriété, efficacité, théâtre, mise en valeur des relations entre les personnages… Quelques libertés sont prises, par exemple Klytämnestra, après sa confrontation avec Elektra, part en riant et en exigeant de la lumière (« Lichter ! Mehr Lichter« , parlé dans la partition de Strauss) mais se tait ici, les époux démoniaques sont assassinés sur scène, les cadavres gisant au sol jusqu'à la fin, Elektra ne meurt pas mais reste dans une extase totale et les pleurs finaux de Chrysothemis (« Orest ! Orest !« ) correspondent à une supplication vers son frère, qui part une fois le meurtre accompli, alors que le livret originel la fait appeler à l'aide en découvrant le corps inanimé de sa sœur. Tout cela n'a guère d'importance, les mythes antiques sont faits pour être revus et relus. L'arrivée impromptue d'Orest correspond à ce départ silencieux, entre autre. Les mouvements chorégraphiques de Thierry Thieû Niang ont tendance à se répéter : de La Maison des morts à El Regreso / Un Retour on retrouve systématiquement les mêmes postures. De même pour les décors de , qui doit avoir du mur en béton brut à recycler. Mais ce ne sont que des détails qui n'entravent en rien l'extraordinaire réussite de ce spectacle. Émotion à prolonger bientôt sur Arte et en DVD.

Crédit photographique: Evelyn Hertzelius (Elektra), (Orest); (Klytämnestra), Evelyn Hertzelius (Elektra) – en second plan : (Die Schleppträgerin), Renate Behle (Die Vertraute) – de dos : (Erste Magd) © Pascal Victor / Artcomart

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