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À Vicence, la soprano Sylvia Schwartz invite Mozart

Après l'excellent Falstaff en ouverture du tout nouveau Vicenza Opera Festival, convie son public à un concert lyrico-symphonique du où les quelque quatre cents places du mythique Teatro Olimpico, ultime chef d'œuvre architectural d'Andrea Palladio (1508-1580) sont toutes occupées.

L'orchestre au grand complet est cette fois disposé sur toute la largeur de la scène. On pourra ainsi apprécier plus amplement la qualité de cet ensemble qui, à cause de la disposition quelque peu inhabituelle qu'il avait lors du Falstaff de la soirée précédente pouvait difficilement favoriser la cohésion des pupitres.

Dès les premiers accents de l'ouverture de l'Italiana in Algeri de Rossini, on note la qualité évidente de cet orchestre. Les attaques sont franches, précises, même dans les pianissimi. À grands gestes, tient son ensemble dans une interprétation bien ciselée et dynamique. Toutefois, est-ce l'effet de l'acoustique excessivement réverbérante du théâtre ? Reste que dans les tutti forte typiques de la musique rossinienne, la netteté des ensembles qui, jusque là était irréprochable, tend à tomber dans la confusion sonore. Un travers qu'on retrouvera dans l'autre œuvre de Rossini au programme, l'ouverture de La gazza ladra.

Avec Mozart, le retrouve un idiome musical plus intimement lié à ses racines. L'introduction au récitatif puis à l'air de Susanna « Giunse alfin il momento… Deh vieni non tardar » tiré des Noces de Figaro offre un tapis parfait pour la soprano . À peine a-t-on entendu ses premières notes qu'on est transporté par ce qui s'avèrera l'un des les plus émouvants moments de la soirée. Prenant un tempo favorisant l'expression mélodique, la soprano espagnole module sa voix avec un phrasé d'une beauté languissante. Elle dessine sa complainte amoureuse avec une rare intelligence interprétative, sans effets de démonstration. Avec une voix ronde, flexible et chaleureuse, dans l'esprit des grandes mozartiennes du passé, semble avoir trouvé là l'expression parfaite de son chant. Le public ne s'y est pas trompé en lui réservant un triomphe qu'il confirmera lorsque, avec la complicité du baryton , elle charmera l'audience avec un magnifique « La ci darem la mano » tiré de Don Giovanni.

L'esprit de la musique du XVIIIe siècle perdure dans la Symphonie n° 8 de avec un aérien signant les contrastes sonores avec une belle musicalité. On apprécie particulièrement sa manière d'aborder le long Andante con moto en le colorant d'interventions subtiles des bois, par ailleurs excellents.

Retour à l'opéra avec le ténor espagnol . En choisissant le fameux air « Una furtiva lagrima » de L'Elisir d'Amore de , on mesure alors la véritable impression que le chanteur espagnol avait laissé lors de sa prestation de Fenton, le jour précédent. Pas de miracle, le jeune ténor (23 ans !) rejoint rapidement les limites d'une voix encore trop verte. Quoique doté d'un bon matériel vocal, il doit encore améliorer sensiblement l'homogénéité de son émission vocale et comme d'ouvrir sa voix avec plus de décontraction. Un artiste prometteur cependant.

Après deux belles pages d' où le retrouve pleinement ses marques, la soprano offre un « Mercè, dilette amiche » tiré de I Vespris Siciliani de Giuseppe Verdi malheureusement au-dessus de ses moyens vocaux actuels.

Le Budapest Festival Orchestra sous la baguette énergique de son chef Iván Fischer clôt sa prestation avec les Danses de Galánta de . Cette musique parle à chaque musicien de l'ensemble (quelle superbe clarinette solo !) et chacun s'emploie joyeusement à la transmettre à l'auditoire. L'allegro final est irrésistible. Ses dernières mesures envoyées, le public s'est levé d'un bond pour ovationner chaleureusement cette prestation idoine.

Crédit photographique : © Iván Fischer © NicolasBrodard, BFO © Francesco Dalla Pozza

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