- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le festival de la Chaise-Dieu, le classique des classiques

Le festival de la Chaise-Dieu n'aura pas attendu sa 53ᵉ édition pour rayonner dans l'hexagone et en Europe. C'est autour des fondamentaux qui ont fait la force du festival, soit la musique sacrée, baroque et romantique, qu'est conçue la programmation 2019.

Sur son plateau granitique de plus de mille mètres d'altitude au cœur du Massif Central, l'Abbaye de La Chaise-Dieu trône fièrement, parée en cette fin d'été de son drapeau annonçant résolument l'un des festivals les plus anciens de France, et exposant ses quatorze tapisseries flamandes du XVIe siècle récemment restaurées. Pour son concert inaugural, même si cette année un concert d'ouverture a été exécuté la veille dans un nouveau lieu (la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château), c'est un pilier de la musique sacrée qui se déploie sous la baguette de , après que son Banquet céleste a côtoyé avec succès les cantates de Bach.

Le parti-pris du chef pour cette Passion selon saint Jean est apparemment de s'inscrire dans une méditation continue, sans pour autant malheureusement déployer de véritable ferveur, ce qu'une direction plus incisive aurait permis. Ce n'est ni une vision analytique mettant en exergue les multiples détails de la partition, ni une vision synthétique de l'œuvre faisant la part belle à la ligne vocale, qui est proposée. s'inscrit plutôt dans un style qui paraît aujourd'hui vieilli avec des tempos particulièrement lents, un legato généralisé et des exigences techniques qui ne se démarquent guère, s'intéressant trop peu aux plans sonores de l'orchestre et des voix. L'orchestre du Banquet Céleste reste toutefois intelligible de bout en bout. Le chœur composé des enfants de et des choristes du Chœur de chambre Mélisme(s), manque de puissance et de prestige malgré le soin apporté à cette exécution. Ses interventions semblent presque extérieures au cheminement profond du drame. Des composantes dont ne se dégage pas une véritable atmosphère spirituelle malgré un évangéliste expressif incarné par un qui phrase son texte avec une conviction profonde, accompagné de l'humanité palpable du Jésus de .

Le lendemain, dans la Neuvième de Beethoven, la lecture de , solidement positionné tout au long de l'exécution, est un peu trop contenue. Le Cercle de l'Harmonie, le chœur de chambre Spirito, le Jeune chœur symphonique et le chœur régional d'Auvergne exécutent tous une lecture propre mais sans aspérités ni emphase. La monumentalité de l'ouvrage se déploie peu sous les voûtes pourtant majestueuses du lieu. Malgré un quatuor vocal de premier ordre, le manque d'enthousiasme dans le finale est patent.


La redécouverte de l'oratorio baroque avec Santa Teodosia

Ce sera donc avec que le plaisir s'affirme, mais surtout grâce à l'expressivité d'une direction menée d'une main de maître par et à la théâtralité d'une virtuose (Teodosia). Sans oublier un (Arsenio) caractérisé par une plastique sonore imparable et l'intelligence interprétative d'une (Decio) tout à son plaisir. Le baryton Renato Dolicini (Urbano) se fait plus discret même s'il ne démérite pas. L'intérêt de l'ouvrage se trouve autant dans sa rareté au sein des programmations, que dans l'expressivité des affects vibrants et foisonnants du chant retraçant le martyre et la mort de Sainte Théodosie de Tyr, dont la seule faute réside dans le rejet des avances du fils du gouverneur romain Urbano, dénommé Arsenio.

Le violon flamboyant de et le continuo particulièrement inspiré des Accents, savent faire ressurgir toutes les flamboyances de la partition, les instrumentistes se révélant chacun d'entre eux le fondement capital d'une lecture qui sait faire ressortir le meilleur de cette œuvre de jeunesse du maître italien.

Crédits photographiques : © Vincent Jolfre

(Visited 799 times, 1 visits today)