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Distribution luxueuse pour La clémence de Titus à Rennes

Le moins estimé des opéras de maturité de Mozart, La Clémence de Titus, révèle pourtant de réelles splendeurs musicales lorsqu'il est servi, comme c'est le cas à Rennes, par une distribution homogène et de qualité.

, habitué du rôle-titre qu'il a interprété sur plusieurs grandes scènes européennes, dresse un portrait fascinant de l'empereur dont il habite toutes les facettes avec une justesse et une subtilité rares. Il campe un Titus de fort relief, tour à tour vindicatif et torturé. Le chanteur, toujours stylé, est à la hauteur du comédien avec un instrument solide et homogène, suffisamment virtuose pour se jouer des vocalise de Se all'impero. , en dépit d'un brin d'acidité dans le haut de la tessiture, lui donne une fière réplique avec un tempérament théâtral affirmé, des demi-teintes sublimes et des intuitions musicales rares dans un rôle qui n'est pas fait que de fureur.

, déjà saluée à Rennes dans La Cenerentola, déploie une voix aux couleurs multiples, une parfaite adéquation stylistique et une grande justesse scénique. La précision des vocalises fait merveille dans un « Parto, parto ». Sa voix s'harmonise de plus très bien avec celle d'Abigail Levis, attachant et très juste Annio portant remarquablement le travesti. apporte sa fraîcheur vocale à Servilia tandis que parvient à tirer de l'anonymat Publius grâce à sa présence scénique et à la puissance de son instrument.

, après une ouverture fougueuse et en dépit d'un dosage sonore parfois perfectible, suit cette distribution sans faille avec beaucoup d'attention et soigne l'accompagnement orchestral des arias avec l'appui d'un en bonne forme où la petite harmonie se met particulièrement en valeur. Le Chœur Mélisme(s), dirigé par , n'appelle pour sa part aucun reproche.

opte pour une approche intemporelle dans une pièce de salon du palais impérial qui pourrait tout aussi bien abriter Le Chevalier à la Rose, et que l'on retrouve au second acte dégradé par l'incendie de Rome et jonché de cendres. Ce décor ainsi que les costumes sont du meilleur goût tandis que la direction d'acteurs, particulièrement fouillée, assure une remarquable fluidité et une parfaite lisibilité de l'intrigue et des tourments des protagonistes. L'ensemble serait totalement fidèle si ce n'était la scène finale énigmatique où Vitellia semble sombrer dans la folie alors que Publius abat Titus d'un coup de pistolet dans le dos.

Les vertus de cette coproduction avec Angers Nantes Opéra nous permettent en tout cas d'oublier les codes et les contraintes de l'opéra seria pour partager les souffrances et les rares moments d'apaisement de tous les personnages.

Crédits photographiques : (Titus) José Maria Lo Monaco (Sextus) © Laurent Guizard

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