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De puissants Dialogues des Carmélites à Saint-Étienne

On avait gardé un excellent souvenir de ces Dialogues des Carmélites donnés en 2005 à l'Opéra de Saint-Étienne qui ont obtenu par la suite le grand prix de la critique pour le meilleur spectacle de l'année au Chili. On retrouve avec bonheur la mise en scène puissante de , sa sobriété et sa grande humanité.

Légèrement retouchées pour tirer parti de technologies plus moderne, les projections vidéos montrent en fond le jardin qui recouvre la fosse commune du cimetière de Picpus où sont enterrées les « vraies » carmélites. Des parois de chaque côtés, d'où émergent silencieusement de rares accessoires: prie-dieu, grille de parloir, porte de prison, des lumières qui éclairent l'action principale mais qui conservent la part d'ombre du carmel, confèrent à la fois une austérité monacale (l'allusion est voulue) et une incroyable force dans les enjeux tirés de la pièce de Georges Bernanos. Et que dire de cette magnifique scène finale, qui montre des guillotines sorties de la mer, s'effaçant au fur et à mesure que les religieuses s'effondrent, et se termine sur des eaux vides et apaisées après le sacrifice de Blanche, si ce n'est qu'on en ressort suffoquée et les larmes aux yeux ?

Pour servir cette magnifique vision, l'ensemble de la distribution a le mérite d'une diction absolument parfaite, qui permet de s'affranchir totalement des sous-titres.
Nouvelle venue dans l'univers lyrique, toute de sensibilité et de musicalité, se distingue des autres titulaires du rôle de Blanche de la Force par une belle intelligence du texte. On lui souhaite une carrière longue et bien remplie. est une très juste première prieure, sans toutefois faire oublier de précédentes titulaires de ce rôle en or. Vanessa Le Charlès dessine pleinement tous les aspects maternels de la seconde prieure, avec cependant des aigus trop tirés.
est peut-être la meilleure Mère Marie qu'on a jamais entendu sur scène. La beauté de son visage, enserré dans sa capuche de nonne, son port altier, sa définition du personnage, bouffi d'orgueil et empli d'une dévotion aveugle, donnent une formidable épaisseur à un caractère si souvent présenté comme monolithique et dur, celui de la « méchante » de service, ce qu'elle n'est pas.
Capucine Daumas est une charmante sœur Constance, mais elle ne montre pas encore assez de personnalité pour faire oublier ses devancières. , si souvent considéré comme le parangon de l'élégance vocale, semble cette fois-ci bien extérieur. , parfait de style et de diction, pousse trop le son pour avoir l'élégance du chevalier de la Force. Eric Huchet, et sont irréprochables.
Emporté par son impétuosité, l', sous la direction de , manque parfois de transparence et d'hédonisme.

Crédit photographique : © Cyrille Cauvet

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