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Nicolas Le Riche : les adieux d’un saltimbanque

La soirée d'adieux exceptionnelle de à l'Opéra Garnier était placée sous le signe du compagnonnage et de la filiation.

a quitté le 9 juillet le Ballet de l'Opéra de Paris, âge de la retraite oblige, pour vivre de nouvelles aventures chorégraphiques. Une salle fervente a acclamé le danseur, entouré de ses collègues et amis, au cours d'une soirée d'adieux exceptionnelle, placée sous le signe du compagnonnage et de la filiation.

Compagnonnage, comme avec le chanteur Mathieu Chedid, qui a ouvert la soirée à la guitare par une chanson au titre prémonitoire « Où allez où ? ». Les deux artistes se sont déjà illustrés dans des impromptus dans le métro parisien et entendent bien renouveler l'expérience. Un défi qui n'est pas moins grand que celui qu'avait relevé en 2005 en signant la chorégraphie de « Caligula », épaulé à la dramaturgie par Guillaume Gallienne (voire nos comptes-rendus des représentations à Garnier en 2011 et 2008). Avant d'en voir un étonnant duo interprété par et , le sociétaire de la Comédie Française, son ami dans la vie, lui a rendu un amusant et vibrant hommage avec une poignée d'alexandrins en rimes riches jetés sur la scène de Garnier. Sa plus fidèle compagne dans la danse, qui le retrouve de loin en loin pour des galas internationaux, est , venue de Londres tout exprès pour danser à ses côtés un extrait d' « Appartement » de . Le duo espiègle et tendre fait toujours merveille et prouve que l'âge n'a aucune prise sur le talent des danseurs…

Mais c'est sa filiation avec l'école de danse française et l'apport de ces 30 et quelques années d'Opéra de Paris, que Nicolas Le Riche a choisi de souligner à travers la programmation de cette soirée. Il se pose d'abord en aîné bienveillant, accueillant les élèves de l'École de danse pour l'entrée des « Forains » de . Puis tend un pont entre ses années d'apprentissage et la relève d'aujourd'hui en laissant le jeune Francesco Mura danser le solo du petit tambour du « Bal des Cadets » de , un classique des spectacles de l'École. Filiation encore avec , dont il fut un jeune protégé, et auquel il rend hommage avec des extraits de l'acte II de « Raymonda », dansés par et . Il va jusqu'à laisser l'un de ses rôles fétiches, le Faune de « L'après-midi d'un faune » de à un tout en muscles.

Les spectateurs de cette soirée exceptionnelle étant surtout venus pour le voir danser, Nicolas Le Riche n'a cependant pas oublié de se réserver des pièces de choix, emblématiques de son répertoire de prédilection. « Le jeune homme et la mort », de , où, éternel jeune homme, fin et puissant, il suit la trace d'un , aux côtés d'. « Le Boléro » de , enfin, époustouflant battement de cœur musical et chorégraphique, que suit, le souffle court et les sens en éveil, une salle prête à chavirer. Le magnétisme de Nicolas Le Riche, entouré des meilleurs danseurs de la compagnie, égale alors celui de , que tant de spectateurs ont en mémoire. C'est sous une pluie d'étoiles que le danseur a longuement salué à la fin de cette soirée, bientôt rejoint sur scène par sa femme, l'étoile et ses deux filles. A l'automne, ils repartiront en tournée avec leur programme Itinérances, qui s'arrêtera début novembre au Théâtre des Champs-Elysées. Tout ce que l'on peut souhaiter à Nicolas Le Riche, le plus grand danseur français d'aujourd'hui, c'est que de nombreux chorégraphes aient encore envie de créer pour lui…

Crédits photographiques :
© Sébastien Mathé – Opéra national de Paris (saluts)
© Laurent Philippe – Opéra national de Paris (Boléro)

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