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Badinter, Escaich et Py contre la peine de mort

Dans le cadre d'une trilogie consacrée en 2013 au thème lancinant de l'histoire humaine Justice/ Injustice, Claude est une commande de l'Opéra de Lyon adressée à , ,  : le brelan magnifique accouche d'un opéra qui noue la gorge.

Histoire vraie. Claude, victime de la révolution industrielle qui le prive de son travail, est emprisonné pour s'être rué sur la barricade des Canuts, se lie avec Albin, en est séparé par la jalousie du directeur de la prison qu'il tue, est guillotiné.

Claude est adapté par Badinter avec quelques libertés (notamment le rétablissement de la dimension homosexuelle évacuée par Victor Hugo), de Claude Gueux, deuxième volet avec Le dernier jour d'un condamné du ditpyque que l'écrivain consacra à la peine de mort. Le Ministre réalisa le rêve du Poète, en faisant abolir en 1981 ladite peine de mort en France. Il prolonge ce combat d'une vie par l'architecture implacable d'un livret dont le déroulé haletant (entre prologue et épilogue, 16 courtes scènes séparées par de brefs interludes) est une manière de perfection.

En contraste avec l'univers concentrationnaire de l'intrigue, la musique de , riche instrumentarium à l'appui, est gorgée de couleurs. Aussi bref que Wozzeck, il offre comme ce dernier un prenant interlude pré-conclusif. Pas une seconde l'intérêt ne se relâche, pris en main que l'on est entre l'empathie hugolienne («  chaque enfant qu'on instruit est un homme qu'on gagne » ) la parfaite compréhension du mot, et la puissance des images.

s'empare spectaculairement de cet univers à la Genêt. Il joue en virtuose des architectures métalliques de , empruntées pour partie à Carmen que le tandem montait à Lyon dans la même saison… Dans cet univers surgi de l'obscurité, ce sont les détenus qui enclenchent en toute logique le mouvement perpétuel des bâtiments jusqu'à la bouleversante chute de cendre du final.

En parfaite adéquation avec la machine de mort à l'oeuvre, la direction motoriste de  galvanise une distribution mémorable, du Claude fracassé d'avance de , du haute-contre à la touchante fragilité de , du terrifiant Directeur chanté par aux essentiels doubles rôles de , et Philip Sheffield ainsi qu'aux seuls échos féminins des voix off de Loleh Pottier et Anaël Chevalier. Du choeur impeccable s'échappent quelques solistes remarquables.

Bémol enfin pour la captation de Vincent Massip étranger à la fascinante cosmogonie du tandem Py/Weitz. Mais attentif aux vraies larmes de l'Entrepreneur.

 

En coopération avec la
sur les mémoires des violences politiques
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