Créations et musique française autour de Marie-Josèphe Jude à Bagatelle
Afin de mettre en avant les jeunes talents musicaux qu'elle héberge, la Fondation Banque Populaire organisait ce week-end, comme chaque année, une série de concerts à l'Orangerie du parc de Bagatelle. Nous avons assisté à deux d'entre eux : un premier autour de la création, puis une carte blanche à la pianiste Marie-Josèphe Jude.

Une des fonctions de la Fondation Banque Populaire est de mettre en lien les jeunes interprètes et les compositeurs en favorisant le financement de la commande d'œuvres. Le programme du premier concert est ainsi constitué de pièces commandées par les interprètes à des compositeurs dont la plupart sont présents et viennent expliquer leur démarche créative au public. Le concert débute par El sol en diciembre, pièce écrite pour le Trio fauve par Alex Nante. Cette pièce d'atmosphère, mélodique et poétique qui n'est pas sans rappeler la musique de films, permet de mettre en valeur un effectif peu commun puisque le trio Fauve est composé d'une violoniste, d'une violoncelliste et d'un accordéoniste. Les timbres se mêlent et s'entremêlent, servis par trois musiciens enthousiastes et engagés au service de la création. L'excellent Vincent Lhermet interpréte ensuite deux pièces pour accordéon : Marea, belle œuvre axée sur la recherches de timbres et le tremblement, de Matteo Franceschini puis Le rayon, la mousse de Clara Olivares, explorant les multiples sonorités de l'accordéon. Ce premier concert se termine par quelques unes des Etudes pour piano op. 45 de Jean-Baptiste Robin, par Romain Hervé et Véra Tsybakov, deux pianistes à la virtuosité indéniable. Très techniques, ces études veulent être de la « musique classique d'aujourd'hui » et rendent effectivement directement hommage à Chopin, Liszt, Debussy et Ravel. Agréables à l'oreille, assumant la citation et le clin d'œil, leur esthétique s'inscrit plus dans celle des XIXe-début XXe siècles que du XXIe siècle.
Ces études ont donc offert une très bonne transition vers le second concert : une carte blanche à Marie-Josèphe Jude. Récemment nommée au jury de la Fondation Banque populaire, la pianiste s'est entourée du violiniste Vassily Chmykov et du Quatuor Agate pour un programme réunissant Debussy, Ravel et Brahms. Vassily Chymkov livre une version très personnelle de la Sonate pour violon et piano de Debussy, axée sur le vibrato et la densité sonore aux interprétations privilégiant la transparence de cette œuvre sombre et mélancolique. Attentive à son partenaire, Marie-Josèphe Jude accompagne le violon tout en sérénité et force tranquille. La réunion de ces deux tempéraments différents mais complémentaires trouve son apogée dans le célèbre Tzigane de Maurice Ravel. Vassily Chmykov peut déployer toute sa sonorité et sa virtuosité dans la très belle cadence initiale. Plein de fougue, parfois un tout petit peu brouillon, le violoniste s'approprie parfaitement le style esbrouffe-libre de la pièce. Lorsque le piano rentre enfin et que l'écriture se fait plus normée, les deux interprètes mènent avec fluidité le changement de style de la pièce. Marie-Josèphe Jude s'associe ensuite au Quatuor Agate pour deux mouvements du quintette de Brahms. Là encore, la pédagogue, professeure au CNSMD de Paris, sait porter ses partenaires et être à leur écoute. Les quatre musiciens du quatuor montrent un bel engagement musical, respirant ensemble dans des gestes presque théâtraux. Le Scherzo est superbe, tout comme le Finale qui souffre un peu malheureusement de l'acoustique de la salle. On aurait bien écouté le quintette dans son intégralité !
Accompagnés par les cris des paons, les chants des oiseaux mais aussi par les bruits des promeneurs, tous les musiciens présents cet après-midi ont pu montrer au public l'étendue de leur talent. Souhaitons leurs une belle et longue carrière musicale !
Crédits photographiques : © ResMusica










Un Grand Hourrah à Marie-Josèphe Jude. Qui est une grande pianiste , mais qui a contribué largement à l’organisation du dernier concours marguerite-Long – J. Thibault .
Elle est aussi l’amie de Annick Chevallier, professeur d’orgue au conservatoire de Marseille.
J’ai suivi avec joie la carrière de Romain Hervé et Vera Tsybakov toujours brillants virtuoses
C’est avec très grand intérêt que je suivrai ( si je le puis ) cette entreprise de mise en valeur de la musique française.