À Radio France, Jules Verne à la fête
Dans la série des concerts-fictions, la dernière proposition à la Maison ronde consiste en une adaptation de Voyage au centre de la terre, avec une musique originale de Krishna Levy servie par l'Orchestre national de France.

Bien qu'intitulé Odyssée au centre de la terre, le texte reste très fidèle au roman de Jules Verne. Seul le professeur allemand Otto Lindenbrock devient le Français Octave Dubroc et, comme d'autres adaptateurs du romancier avant elle, Katell Guillou féminise la distribution en faisant de la nièce Marguerite (Marilou Aussilloux) un membre de l'expédition, et non le personnage secondaire cantonné aux chapitres introductifs et conclusifs du texte original. L'autrice a pris le parti de garder des passages racontés au passé à la première personne, en l'occurrence par le jeune assistant Axel (Geert van Herwijnen), et sa prise de liberté principale, en dehors de coupes inévitables, est d'avoir introduit une dose d'humour savamment dosée (en particulier dans la voix d'Alain Fromager, le professeur Dubroc, et dans les interventions en danois du guide Hans campé par Erik Gerken), qui fait contrepoint à l'aspect aventureux et dramatique de l'histoire, réduite à la durée idéale d'une heure.

Tout est donc réuni au niveau du texte pour embarquer petits et grands dans une belle et instructive aventure telle que Jules Verne savait les conter. Pas moins de deux bruiteurs sont à l'œuvre en direct pour favoriser l'immersion, et leur production est encore complétée par des sons enregistrés. À l'instar de celle de Mathieu Lamboley pour le précédent concert-fiction, la partition de Krishna Levy est complètement dans le créneau de la musique de film, la spécialité du compositeur français, peu joué dans les salles mais très présent au cinéma ou à la radio. Amplifiant les effets du texte et contribuant efficacement à faire avancer l'action, elle a la particularité d'être souvent présente en même temps que le texte. Il faut alors toute la maîtrise et l'attention de Jane Latron à la tête d'un Orchestre national de France très précis, et une mise en place millimétrée pour que l'ensemble tienne. Si en de rares moments quelques mots échappent à la compréhension, l'équilibre est globalement très bon et certaines scènes chargées en sons, en lumières, en musique et en texte sont de saisissantes réussites, telles celle du rêve du jeune Axel avant de descendre dans le cratère du volcan, celle de la bataille des créatures préhistoriques dans le lac souterrain, ou encore celle de l'éruption providentielle qui permet la fin heureuse imaginée par le romancier.
Encore une belle réussite de Radio France, que l'on a hâte de retrouver en podcast.









