Chants du monde en Seine-Saint-Denis avec Sequenza 9.3
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Aulnay sous-Bois. Parc Dumont. 28-VI-2025. Festival Chants libres. Œuvres de Alexandros Markeas, Farnaz Modarresifar, Philippe Hersant, Tram Nguyen.
Ensemble Sequenza 9.3 ; chœur d’enfants de l’école Joséphine Baker de La Courneuve ; chœur mixte amateur, direction : Catherine Simonpietri
En plein air et dans le cadre du festival Chants libres, soutenu par la Fondation Bettencourt-Schueller, le concert de l'ensemble Sequenza 9.3 rejoint par un chœur amateur et des voix d'enfants mettait à l'affiche un florilège de chants traditionnels collectés en Seine-Saint-Denis et arrangés par plusieurs compositrice et compositeurs.
Sous le geste ferme et énergique de Catherine Simonpietri, les voix de femmes démarrent en trombe avec Kolonkini Radha, une mélodie folklorique d'Inde orientale arrangée par le compositeur Alexandros Markeas et battue par un tambour joué à mains nues par Florent Jodelet. Du même compositeur, A Rianxeira provient de Galice ; il convoque les douze voix mixtes ainsi que des appeaux et autres sifflets soulignant le caractère festif et dansant. De Markeas toujours, Darla est un ancien chant de marins du folklore grec qui met en vedette la voix de ténor accompagnée par ses partenaires, avant de virer à la mélancolie.
L'accordéoniste vient s'installer auprès de la cheffe pour accompagner le chœur d'enfants dans deux chants extraits de Cantate 2024 composée par Markeas pour l'Olympiade Culturelle de Paris 2024. Après Trois poètes d'après un texte de Constantin Cavafy chanté par les enfants, Mesopelaga est une superbe mélodie d'origine grecque qui réunit le chœur d'enfants et le pupitre féminin de Sequenza 9.3 en contrepoint.
On retrouve le chœur mixte avec De ses yeux noirs, un bijou au profil orientalisant (jolie voix soliste de soprano) écrit par la compositrice iranienne Farnaz Modarresifar d'après une mélodie persane. Non moins savoureuses sont Les cueilleuses de lentisques de Philippe Hersant (d'après Maurice Ravel) provenant d'un chant grec de l'île de Chio ; quant à La rivière aux deux flammes (d'après un chant traditionnel vietnamien) de Trami Nguyen, elle met en valeur les voix solistes du chœur, chant fervent qui mêle in fine voix chantées et murmurées.
Les instrumentistes s'installent (2 saxophones, 2 euphoniums, accordéon, mandoline et deux percussionnistes) pour une deuxième partie de programme consacrée à des extraits de Cantate 2024 de Markeas déjà citée. Cette pièce d'envergure est conçue comme une suite de chants collectés auprès des habitants de la Seine-Saint-Denis et choisis en fonction de leur capacité à s'adapter au dispositif vocal et instrumental de Sequenza 9.3 : « Nous avons pensé à une fête, une fête chaleureuse, excessive et conviviale à la fois […] J'ai souhaité mettre l'accent sur les valeurs de fraternité et de sororité », souligne Catherine Simonpietri.
Le ton est donné avec le duduk (joué par un des saxophonistes) qui nous charme d'emblée dans Asaman (d'après un chant d'amour albanais de l'époque ottomane) dessinant une souple mélopée reprise par la voix soliste d'un enfant que double la mandoline, puis par l'ensemble des choristes, professionnels et amateurs. Plus saisissante encore est cette cornemuse basque (sans sac), l'alboka, jouée par un des saxophonistes, qui prélude à Terra patria, une mélodie entraînante d'après un chant de Méditerranée et des Balkans, que les voix accélèrent progressivement. Cornemuses et cloches tubes font l'introduction instrumentale de Sto pa (d'après un chant grec de marins) avant Andra mou pai, chant de lutte des Pouilles. Emprunt de mélancolie et soutenu par une mandoline active, il met en valeur dans ses couplets les très belles voix solistes de Sequenza 9.3.
Les paroles du Chant universel de la Cantate 2024 (d'après un texte de Walt Whitman) sont reproduites dans le programme pour engager tous les auditeurs à participer au refrain : « En ce moment de solitude, plein de promesses et d'inquiétude […] », tandis que les couplets sont en canon entre voix d'enfants et d'adultes : c'est d'ailleurs une voix d'enfant surlignée par le duduk qui chante le dernier refrain et clôt avec émotion le concert de ces « mémoires vivantes «, gardiennes des identités culturelles que l'ensemble Sequenza 9.3 en grande forme a mis à son répertoire.
Crédit photographique : © ResMusica
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