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Décès du baryton allemand Franz Grundheber

 

Nous avons appris le décès, à Hambourg, ce 27 septembre, jour de son quatre-vingt-huitième anniversaire du baryton lyrique .

Né à Trèves, il s'engage, très jeune, pour trois ans dans l'armée de l'air , puis il étudie le chant à Hambourg et obtient une bourse pour parfaire sa formation à l'Université d'Indiana à Bloomington sous la direction de Margaret Harshaw. Il revient ensuite à Hambourg pour y débuter sa carrière dans la troupe où il tient de nombreux rôles secondaires et où il prend rapidement du galon. Sa voix souple et sa tessiture étendue lui permettent d'aborder divers répertoires couvrant près de trois siècles d'histoire de la musique, et d'assurer une bonne dizaine de créations mondiales. On parle au total de plus de cent cinquante rôles au total tenus au fil de toute sa carrière.

Il apparait pour la première fois en décembre 1976 au Wiener Staatsoper dans le rôle-titre des Nozze di Figaro. Mais on le retrouve aussi étonnamment quelques mois plus tard à l'Opéra de Paris en Monostatos dans Die  Zauberflöte. Sa voix souple et sa tessiture étendue lui permettent en effet d'aborder divers répertoires, dans des rôles souvent à très fort potentiel dramatique et expressif : germanique bien sûr, chez Wagner le Hollandais volant Kurwenal, Amfortas ; italien dans les grands rôles verdiens de Macbeth à Simon Boccanegra, de Rigoletto à Iago, de Germont à Amonastro, sans oublier chez Puccini une incarnation particulièrement démoniaque de Scarpia qu'il a interprété sous la direction de Herbert von Karajan ; et plus rarement français avec par exemple en 1979 une de ses premières apparitions au disque en Albert dans le Werther dirigé par Riccardo Chailly – DGG – ou au Palais Garnier en 1988 en Méphistophélès dans la Damnation de Faust  de Berlioz.

Mais c'est incontestablement dans les grands rôles de l'opéra germanique du début du vingtième siècle qu'il aura le plus marqué les esprits : chez Richard Strauss (Mandryka dans Arabella, Barak dans Die Frau ohne schatten, Oreste dans Elektra, voire Faninal dans Der Rosenkavalier, ou Olivier dans Capriccio), chez Hindemith (Cardillac) et chez  Schoenberg – à la scène comme au disque pour une incarnation stupéfiante de Moïse dans Moses und Aron – encore en 2012 au Festival Musica de Strasbourg – et Alban Berg (dans Lulu, tantôt en Doktor Schön tantôt en Schigolch).

Mais toujours chez Alban Berg Grundheber restera sans aucun doute « le » Wozzeck de sa génération : il interprète le rôle entre autres à La Monnaie de Bruxelles, au tout début de l'ère Mortier (1981 – dans la production Cambreling/Neugebauer), puis à Paris (1986 -Opéra- Zagrosek/ Berghaus) avant les triomphales représentations au Châtelet dans la production Barenboïm/Chéreau de 1992, enregistrées et disponibles en DVD. Il enregistre pour le disque le rôle sous la direction de Claudio Abbado (DGG), salué pour son humanité poignante et sa vérité dramatique.

aura eu une carrière d'une longévité assez exceptionnelle puisqu'on le verra encore à soixante-dix-sept ans sur les planches de l'Opéra de Paris dans le rôle parlé du Haushofmeister de l'Ariadne auf Naxos straussien (2015), où il avait encore imposé sa stature et son sens du théâtre

était titulaire des titres de Kammersänger autrichien et de Kammersänger de Hambourg ; les Staatsopers de Vienne et de Hambourg l'avaient nommé membre honoraire. (BH)

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Crédits photographiques :Franz Grundheber © CD Lieder einer ReiseSongs of Travel – Chants du Voyage (TYXart)

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